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Monsieur Davoy.

Cela pourtant a bien des inconvéniens (À part.) pour le mari.

Madame de Queyrel.

Vous m’étonnez beaucoup. J’avais cru au contraire que Mme Davoy devait avoir un caractère très décidé.

Madame Valery.

Moi aussi, je l’aurais cru.

Monsieur Davoy.

Eh bien ! voilà. Oui, sans doute, on le croirait. (À part.) Puis-je leur avouer que ma femme est tout simplement jalouse comme un tigre ? À son âge ! (Haut.) Elle a un cœur d’or, mais une grande indécision.



Scène III.

Les Mêmes, MADAME DAVOY, entrant par le fond ; elle s’arrête un instant en apercevant son mari assis entre ces dames.
Madame Davoy, avec aigreur.

Ne vous dérangez pas, je vous en conjure, monsieur.

Monsieur Davoy, se levant, les mains empêtrées dans l’écheveau.

Ah ! c’est juste, vous m’avez fait demander, chère amie. (Bas.) Qu’est-ce que tu me veux ? (Haut.) Mille pardons, j’allais vous rejoindre.

Madame Davoy, bas.

Je veux te parler.

Monsieur Davoy, bas.

Eh bien ! parle.

Madame Davoy, bas.

Mettez-vous donc en colère, vous en brûlez d’envie !

Monsieur Davoy.

Je suis à vos ordres, ma bonne amie.

Madame Davoy, à part.

Depuis huit jours, ne pas le quitter de l’œil, le suivre pas à pas, veiller sur lui comme une mère veille sur son enfant, ressentir toutes les angoisses de l’épouse menacée dans sa tendresse, sentir la foudre au-dessus de sa demeure, et sourire à ses hôtes, passer ses nuits à chercher une façon polie de les mettre à la porte, et n’en pas trouver ! Oh ! la campagne, la campagne ! (Haut.) Veuillez m’offrir votre bras, on vous attend. Ces dames vous excuseront, n’est-ce pas ?

Madame Valery.

Vous ne serez pas trop longtemps, monsieur Davoy. (Monsieur et madame Davoy sortent en causant avec animation.)