Scène IV.
À son âge, c’est prodigieux ! Quel exemple ! qu’en dites-vous ? Quel exemple !
Je ne vous comprends pas, que voulez-vous dire ?
Je dis : Quel exemple à éviter que celui de madame Davoy ! N’avez-vous pas remarqué qu’elle est dévorée par la jalousie ?
Fameux morceau pour la jalousie !
Oh ! ne riez pas, ma chère ; elle est bien à plaindre, la pauvre femme ! J’ai ce défaut-là en horreur !
Et vous avez bien raison. C’est un mal qui ronge.
C’est sot, c’est niais, c’est inutile, c’est la plus monstrueuse des infirmités. Tenez, je vous le dis franchement, si on m’avait donné à choisir entre deux hommes, l’un boiteux, l’autre jaloux, je vous jure que j’aurais pris le boiteux.
Cependant un boiteux !…
Il fourre un jeu de cartes dans sa botte, et tout est dit, tandis qu’un jaloux !…
Je ne vous dis pas ; cependant il y a peut-être des distinctions à faire : ainsi, tenez…
Du tout, du tout, aucune distinction. Un défaut est un défaut ; on doit le détester sous quelque forme qu’il se présente.
Sans contredit ; mais supposez par exemple…
Non, non, c’est une faiblesse que de transiger avec sa conscience et de dire : Ceci est mal dans telle circonstance et bien dans telle autre.
Voyons, réfléchissez : voilà une femme qui adore son mari, — je prends la première venue…
Supposons, je ne demande pas mieux.