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mourant, laissait au méthodisme 540 prédicateurs, dont 313 en Angleterre et 227 en Amérique, et 134,599 fidèles, dont 76,968 dans le premier des deux pays, et 57,634 dans le second.

D’après un des derniers recensemens, on disait que l’Angleterre et le pays de Galles contenaient 34,467 édifices consacrés aux cultes, et sur ce nombre : 18,077 sont des églises libres, dont les neuf dixièmes sont fermés à la liturgie épiscopale. Sur le chiffre de la population totale, 52 pour 100 seulement appartiendraient à l’église. Les congrégations wesleyennes occupent 3,244 chapelles ; , les autres congrégations méthodistes 5,365. Celles-ci sont au nombre de 8 et se divisent en méthodistes de la connexion de lady Huntingdon, méthodiste de la nouvelle-connexion, méthodistes primitifs, méthodistes protestans chrétiens bibliques, méthodistes d’association, inghamistes, méthodistes calvinistes gallois. M. Lelièvre estime qu’aujourd’hui les églises méthodistes qui se rattachent dans les deux mondes aux doctrines de Wesley réunissent, environ 18,000 prédicateurs itinérans, près de 3 millions de communians, et peut-être 10 millions d’auditeurs.


VI

Ces chiffres ont leur importance ; cependant, si la création de Whitefield et de Wesley n’avait abouti qu’à ces détails de statistique, le phénomène moral offrirait toujours de l’intérêt, mais il n’aurait pas eu des conséquences telles que l’histoire dût en tenir un compte sérieux. Ce qui a surtout signalé la naissance du méthodisme à notre attention, c’est qu’il nous paraît un des symptômes, et de beaucoup le plus frappant, d’une disposition intime, d’un besoin spirituel qui sommeillait, il y a plus d’un siècle, au sein de la race anglo-saxonne, et qui peut-être n’aurait été jamais ranimé ni satisfait si cette renaissance de la réformation n’avait trouvé des promoteurs aussi visiblement doués pour réveiller la foi dans les cœurs endormie. C’est en second lieu que leur œuvre et leur exemple ont exercé une influence indirecte, beaucoup plus considérable aux yeux de l’historien que les effets immédiats, de leur prédication, et suscité avec le temps, dans toute la Grande-Bretagne et presque dans tous les pays d’origine britannique, un mouvement religieux qui a démentit les prédictions d’observateurs tels que Voltaire et Montesquieu.

Ce n’est pas qu’ils eussent mal observé. Le juge Blcekstone disait encore vingt ou trente ans après eux qu’ayant suivit les plus célèbres prédicateurs de Londres, il n’avait pas entendu un sermon dans lequel il y eût plus de christianisme que dans un discours de