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de la Campanie ont pris aux Orientaux le culte de leur déesse tutélaire, aux Grecs la notion des arts, la culture de l’esprit, le commerce, aux Étrusques le goût du luxe, des bijoux, des riches ameublemens, des bronzes bien ciselés, des combats de gladiateurs, la science de la bonne chère et de la volupté, — aux Romains la constitution municipale, la discipline administrative, et, après une longue domination, la langue et les mœurs.

Lorsqu’un peuple montagnard descend dans la plaine, il se produit nécessairement chez lui de grandes modifications, mais il lui reste toujours quelque chose de la vigueur et du tempérament natifs. Tout en recevant de leurs voisins ou de leurs conquérans une forte empreinte, les Campaniens restent eux-mêmes ; ils conservent un esprit indépendant, et ne cessent de protester contre leurs maîtres. Amollis peu à peu par le climat, s’éloignant de plus en plus du type osque primitif, ils ne s’assimilent point pour cela aux conquérans, et ils luttent contre les influences qui les envahissent, donnant par là les preuves les plus sensibles de leur vitalité. Par exemple, après six siècles de relations étroites avec Cumes, lorsque la confédération des Samnites veut reconquérir sur tous les étrangers les terres et les côtes perdues, les Campaniens semblent céder avec joie aux Samnites, qui sont de leur race, parlent la même langue, se servent de la même écriture ; ils vont avec eux assiéger Cumes (l’an 417), vendre ses habitans comme esclaves et effacer cette brillante colonie, qui avait été la parure et la richesse de l’Italie méridionale. Alors les Pompéiens se trouvent dans leur élément, ils sont redevenus purement Osques, ils héritent d’une partie de la richesse de Cumes : c’est à cette époque qu’ils élèvent les solides murailles qui ont été découvertes sur une certaine étendue, et attestent la prospérité du peuple qui les a bâties.

Quand les Romains, en 310, font la guerre aux Samnites et portent leurs armes sur les côtes de la Campanie, les Pompéiens contribuent à repousser la descente de P. Cornélius près de l’embouchure du Sarnus et à forcer le général romain à se rembarquer. En 290 toutefois, il faut se soumettre avec le reste de la confédération samnite, renoncer au magistrat national, le meddixtucticus, pour devenir un municipe et nommer des duumvirs, des édiles, des décurions, selon les lois romaines ; mais la soumission n’est qu’apparente, et, même après deux siècles, les Campaniens d’Herculanum, de Pompéi, de Stabies, prennent une part énergique à la guerre sociale et proclament leur indépendance. Sylla vient mettre le siége devant Stabies ; les Pompéiens assistent aux péripéties de la lutte du haut de leurs murailles et se préparent à subir à leur tour le sort de leurs voisins. En effet, après la destruction de Stabies,