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le service auquel elles doivent subvenir (poor rate, church rate, ward rate, sewers rate, etc.) J’ai sous les yeux le tableau des taxes locales par paroisse et district pour 1867 ; on est frappé à la fois de l’élévation et de l’extrême inégalité de ces taxes. Telle paroisse paie 2 shillings par livre du revenu imposable, telle autre 7 shillings. Aussi ne peut-on pas être surpris des réclamations que soulève cet état financier ; elles sont assurément fondées, et plusieurs grandes enquêtes ont déjà préparé la réforme de ce système défectueux.

On croit généralement encore que Londres n’a pas d’octroi. C’est une autre erreur. Il n’y a pas aux entrées de la ville, dans les gares de chemin de fer, de visite désagréable aux voyageurs ; mais la Cité, depuis le temps de William et Mary, perçoit un droit sur les charbons,[1] ; il y en a un autre sur les vins, un autre pour le mesurage du blé, des fruits et des racines, un autre qui porte le nom singulier de lord mayor’s dues et cockets dues, et frappe le beurre, le fromage, le poisson, les œufs, le sel, etc., etc. L’ensemble de ces droits ressemble fort à un droit d’octroi payable à l’entrée de la Cité ; mais des actes successifs en ont étendu la perception à tout le port de Londres, puis à toute la métropole, c’est-à-dire à une circonférence de 20 milles à partir du bureau central des postes. Des percepteurs sont établis sur cette circonférence à toutes les routes de terre, d’eau ou de fer. Or il entre maintenant dans Londres environ 1,500,000 tonnes de charbon par an, le droit est de 1 shilling 1 denier par tonne ; il rapporte à peu près 6 millions de francs par an. Le droit sur le vin ne rapporte pas plus de 125,000 francs. Les 4/13 de ces droits appartiennent à la Cité, les 9/13 reviennent au gouvernement, qui doit les appliquer aux travaux des autres parties de la métropole. Il y a donc un octroi à Londres ; mais le revenu municipal est cependant principalement produit, on le voit, par des taxes directes, tandis qu’à Paris l’octroi entre pour 103 millions, et les taxes directes pour 4 millions seulement dans les 150 millions qui composent les recettes ordinaires.

En quoi le régime municipal de Londres se distingue-t-il du régime des autres grandes villes de l’Angleterre ? Il est assez difficile de répondre à cette question. Le régime de Londres est unique, entièrement exceptionnel. ; mais il faut se garder de croire qu’il y ait dans tout le reste du royaume une seule, et même loi, une seule et même organisation. L’Angleterre n’obéit pas au culte de la logi-

  1. Dans la seconde enquête sur les taxes locales, présidée par M. Ayrton en 1861, M. Benjamin Scott a fourni des détails très curieux sur cet impôt, et fait connaître une pétition du parlement au roi Edouard II en 1316, pour obtenir l’interdiction de brûler du charbon à cause de l’insalubrité de sa fumée, interdiction qui fut prononcée.