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M. Gail s’est chargé de monter un nombre considérable de petites meules verticales à rotation rapide, et M. Krantz d’installer des moulins ordinaires à meule horizontale dans tous les points de Paris où se trouvent des moteurs. L’Académie a discuté aussi les moyens de faire servir l’orge et l’avoine à la nourriture des habitans et divers problèmes qui se rapportent plus spécialement à l’art militaire. M. Dupuy de Lôme est en train (d’expérimenter un système pour la direction des aérostats.

Le génie civil s’est joint au génie militaire pour tout ce qui concerne les travaux de fortification et la fabrication des armes. Les documens publiés par le gouvernement prouvent que cette activité multiple n’est pas restée inféconde. Le corps des ponts et chaussées a construit en dix-huit jours le chemin de fer de la rue militaire, qui permet le transport rapide des troupes et du matériel sur tout le pourtour de la place. Deux barrages ont été établis sur la Seine, à Suresnes et au nord de l’île de la Grande-Jatte, une estacade au Point-du-Jour, un pont de bateaux en amont du mur d’enceinte et deux barrages incombustibles au pont Napoléon, pour arrêter les brûlots incendiaires que pourrait charrier la Seine. D’autre part, les ingénieurs des mines ont exploré les carrières souterraines qui se trouvent en si grand nombre dans le sol parisien. Les puits ont été comblés, les galeries murées, les ouvertures à portée des glacis détruites. Les carrières à ciel ouvert qu’on n’a pu combler ont été rendues impraticables ; sous le sol de Boulogne, de Billancourt, de Neuilly, de Clichy, etc., les égouts ont été transformés en fourneaux de mines ; enfin une vaste poudrière blindée a été construite pour servir de dépôt aux munitions d’artillerie.

En ce qui concerne la chimie, le rôle qu’elle joue aujourd’hui dans la défense nationale est encore plus étendu et plus compliqué, parce qu’elle est plus riche et plus avancée. Les cendres, les salpêtres, les potasses, le soufre, ont été mis en réquisition pour la fabrication de la poudre ordinaire, et cette fabrication marche avec une rapidité surprenante. Le 17 octobre, nous avions déjà environ 3 millions de kilogrammes de poudre en magasin, c’est-à-dire deux fois plus que n’en a consommé le siège de Sébastopol. De vastes ateliers ont été ouverts pour la fabrication des cartouches d’infanterie ; on en confectionne 2 millions par semaine, ce qui dépasse de beaucoup les besoins présumés. Un grand nombre de compositions ont été proposées comme plus avantageuses que la poudre ordinaire, soit au point de vue de l’économie, soit au point de vue de la puissance balistique. On emploie en Allemagne, principalement pour déterminer l’explosion des projectiles creux, un mélange inventé par M. Keveley et connu sous le nom de poudre blanche, Il se compose de deux parties de chlorate de potasse pour une de