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pulser d’abord. Ce qu’on appelle les Cinq cents de Colbert et les Mélanges de Colbert forme des centaines de volumes, comprenant la correspondance du ministre avec les intendans, généraux et amiraux. Le célèbre fonds Baluze contient la plus grande partie des lettres originales à Mazarin, avec les réponses du cardinal en marge. Les Mélanges Clairambault, les fonds Harlay, Mortemart et Saint-Germain, qui font partie du même dépôt, renferment encore de nombreuses lettres de Colbert ou de ses correspondans. De leur côté, les archives nationales, celles des ministères de la marine et de la guère, celles surtout des affaires étrangères, devaient naturellement fournir aussi beaucoup de documens. Aux ministères de la guerre, de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, se trouvait l’immense correspondance relative aux fortifications, aux canaux, aux ponts et chaussées, aux mines. La première difficulté peur un éditeur des papiers de Colbert était donc le nombre considérable des élémens qu’il devait réunir, et la seconde difficulté, naissant de la première, était de faire un choix nécessaire, de telle sorte cependant qu’il n’y eût pas de regrettables lacunes, de séries inachevées, de problèmes trop obscurément offerts.

M. Pierre Clément s’est acquitté d’une tâche si ardue avec un esprit d’ordre et de méthode, avec une constance de travail patient et dévoué, qui deviennent dans notre temps des qualités toujours de plus en plus rares. Non-seulement il a disposé cette vaste correspondance par groupes nettement distincts et facilement reconnaissables, mais encore il a institué pendant tout le cours de cet immense travail un système d’index, de tables raisonnées, de tableaux analytiques, à l’aide duquel une synthèse facile se reconstruit aux yeux du lecteur. Presque à chacune des six cents pages dont se composent ces gros volumes, il a ajouté une série continue de notes analytiques qui donnent, en face de cette synthèse, les menus détails, nécessaires à un ensemble de complète lumière. Enfin et surtout chacun de ces volumes, ou peu s’en faut, contient, sous forme d’introductions, d’éclaircissement, de dissertations spéciales un nombre considérable d’études qui, réunies, formeraient à elles seules un livre important.

Le septième et dernier volume des Lettres et instructions offre un intérêt particulier. M. Pierre Clément y a réuni tous les documens qui concernent la simple biographie et la famille de Colbert. Il faut décidément renoncer à la légende suivant laquelle le futur ministre était fils d’un petit bourgeois, marchand de draps dans la bonne ville de Reims, à l’enseigne du Long-Vétu. On trouve, il est vrai, dans une lettre d’un frère de Colbert que leur père, Colbert de Vandières, avait voulu se faire réhabiliter quand il avait traité d’une charge de secrétaire du roi, mais c’était parce qu’il avait dérogé en acceptant une charge de receveur et payeur de rentes, alors qu’il était en possession d’un titre