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géographiquement et distribués en îlots au milieu des blancs et des jaunes. L’étude des caractères extérieurs permet de faire un pas de plus ; elle constate dans le type général des modifications en rapport avec les races environnantes. Le Nord-Altaïen, dit M. Beauvois, passe au Mongol au-delà de l’Oural, au Turc sur les rives du Volga, au blanc-âryen dans le bassin de la Baltique. De ces faits, on peut déjà conclure que les Finnois ont dû occuper autrefois une étendue plus considérable, et que leur petit nombre et leur isolement actuels tiennent au moins en grande partie à des mélanges accomplis au profit des populations qui les ont comme submergés.

Cette conclusion se justifie bien plus encore lorsque l’on renverse les termes du problème étudié par M. Beauvois, et qu’au lieu de s’en tenir à l’influence des races aryennes ou mongoliques sur les Finnois on recherche celle qu’ils ont eux-mêmes exercée sur leurs envahisseurs. Laissons pour le moment de côté les Asiatiques, et ne parlons que des Européens, dont l’histoire nous est mieux connue. Rappelons que les Slaves, frères des Germains et des Gaulois de César, présentaient des caractères physiques analogues. Chez les uns et les autres, la taille était élevée et svelte ; les cheveux, les yeux, le teint, présentaient les couleurs bien connues. Prichard, guidé par les témoignages historiques, était arrivé à cette conclusion[1], qui est aussi celle de M. A. Thierry[2]. Des recherches récentes et d’une autre nature confirment pleinement ces résultats. Les anatomistes polonais ont retrouvé dans les têtes osseuses des anciens Slaves le crâne allongé et harmonique des Aryens. Le magnifique album photographique publié par la Société d’histoire naturelle de Moscou montre chez les Slaves modernes les traits les plus caractéristiques des races de la même branche, et pourrait être regardé comme illustrant les récits de certains voyageurs[3]. En revanche, les descriptions dues à d’autres observateurs et ce que nous pouvons chaque jour constater par nous-mêmes contrastent singulièrement avec les données précédentes. Nous connaissons tous des individus généralement considérés comme Slaves, se regardant eux-mêmes comme tels, et qui pourtant sont de petite taille, ont les yeux et les cheveux foncés, le teint tirant sur le brun, la charpente osseuse plutôt délicate et grêle que forte et robuste. Évidemment ce ne sont pas les fils des Slaves historiques, ce sont autant de proches parens des Lettons de la Livonie, qui eux aussi ont été rattachés à cette famille parce qu’ils en parlent un dialecte ; mais ces Lettons, petits, faibles, qui prennent de l’embonpoint dès qu’ils sont

  1. Researches ento tho physical history of mankind’' ; t. III.
  2. Voyez la Revue du 1er novembre 1854.
  3. Hungary and Transylvania, by. Paget.