Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 91.djvu/736

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appellent les oiseaux de la paix, les dressent à divers exercices. Le jaseur du Japon (Ampelis phœnicoptera) vient aussi dans le pays, mais en moins grande abondance. On rencontre les corbeaux, les corneilles, les choucas dans toutes les plaines du Pe-tche-li ; la pie d’Europe et la pie bleue, que Pallas a découverte autrefois dans la Daourie et dans la Mongolie, sont communes aux alentours de Pékin ; la pie de la Chine (Calocitta sinensis), un magnifique oiseau qui est très répandu dans l’Asie centrale, est sédentaire dans les montagnes voisines de la grande capitale. Plusieurs charmans grimpereaux se font remarquer dans le pays, et l’un d’eux, qu’on ne connaissait en aucune façon avant les recherches du père Armand David, vit dans les bosquets d’arbres verts qui entourent les pagodes et les tombeaux[1]. Toutes nos hirondelles font des séjours au nord de la Chine : celle des fenêtres construit son nid sur toutes les maisons ; celle des villes, par une singularité, se tient exclusivement au milieu des rochers. L’hirondelle de la Daourie, très abondante dans les villages, ne se montre pas dans les villes ; l’hirondelle de rivages, assez rare, se voit toujours près des torrens. L’hirondelle alpestre est répandue dans toutes les montagnes, et pendant l’hiver on la trouve engourdie dans les cavernes ; mais, si la température s’adoucit, elle se réveille et voltige près des roches escarpées. Les martinets arrivent dès le mois d’avril.

La huppe d’Europe paraît en grandes masses dans la province de Pe-tche-li, et on la voit en hiver jusque dans les rues de la capitale ; mais ce sont des martins-pêcheurs de l’Inde (Alcedo bengalensis et A. atricapillus) qui visitent la contrée. Notre coucou vient à Pékin à la fin du mois d’août, le torcol ordinaire passe quelquefois dans le pays, et ce sont des pics d’espèces particulières qu’on trouve sédentaires dans les environs de Pékin.

Le pigeon biset, fort commun dans tout le nord de la Chine, niche sur les tours et les hautes murailles ; la colombe rupicole est commune dans les bois et la colombe de Chine abonde sur les arbres des villages du côté de la Mongolie. Un curieux oiseau, se rattachant à la famille des pigeons, mais offrant beaucoup de ressemblance avec les gallinacés, le syrrhapte paradoxal, que Pallas découvrit dans le désert des Kirguises, se propage en Mongolie, et arrive dans la plaine de Pékin pendant les hivers rigoureux, ou, lorsqu’il neige beaucoup, dans l’Asie centrale ; continuellement, dit M. Swinhoe, on en voit passer d’un vol rapide des bandes de plusieurs centaines que l’on prendrait pour des troupes de pluviers dorés : le marché de Tien-tsing en est parfois encombré, et on les vend à très bas prix. Les Chinois nomment les syrrhaptes des poules de sable, et les pren-

  1. Sitia villosa, décrite par M. Jules Verreaux.