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nent ordinairement avec des filets qui se rabattent. Après une chute de neige, la capture est facile : le filet est étendu à terre tout garni de petites graines vertes qui attirent presque sûrement les yeux des bandes en voyage et les font tomber dans le piège ; le chasseur, caché à quelque distance, tire une corde, et souvent la troupe entière se trouve prise. La Chine est le pays des beaux gallinacés, et, à l’égard de ces oiseaux, les explorations récentes du fameux empire ont procuré la connaissance de beaucoup de faits intéressans pour la zoologie et pour l’histoire de plusieurs contrées de l’Asie. Le magnifique faisan à collier de l’Inde qu’on voit aujourd’hui dans les ménageries, vit sédentaire dans les montagnes du Pe-tche-li, et se montre jusque dans le bassin du fleuve Amour ; le faisan de Reeves, de l’Asie centrale, se trouve quelquefois dans les montagnes du côté de l’est. Au Thibet avait été découverte une sorte de faisan devenu le type du genre crossoptilon, animal des plus remarquables par l’élégance et par la disposition des plumes de la queue. On croyait reconnaître l’espèce dans une description de Pallas, tracée d’après la dépouille d’un oiseau de la Chine ; mais on se trompait. Le faisan, ou plutôt le crossoptilon signalé par l’auteur russe (Crossoptilon auritum) est distinct du premier et paraît être confiné dans la région boisée de la Mongolie. Le crossoptilon auriculé, ainsi nommé parce qu’il porte en arrière de la tête deux petites houppes de plumes blanches, fut observé pour la première fois par l’abbé David dans les vallées situées à une quinzaine de lieues de Pékin. Il a été retrouvé dans quelques localités plus ou moins voisines ; mais il semble être rare partout. Les crossoptilons se nourrissent de feuillage, de racines, de fruits et même d’insectes ; tenus en captivité, ils sont doux et familiers. Aux lieux mêmes où l’on rencontre ces oiseaux superbes vivent des gallinacés d’un autre genre (Pucrasia) dont les autres représentans habitent les parties centrales de l’Asie, de telle sorte qu’on ne s’attendait pas à rencontrer le type au nord de la Chine. L’espèce (Pucrasia xanthos pila) observée par notre savant lazariste, plus grosse qu’une poule, d’un gris jaune et mouchetée de noir, avec les côtés de la tête verts, la nuque blanche et le cou jaune, porte une jolie petite aigrette. L’oiseau affectionne les bois touffus, et en particulier la forêt de Jehol, célèbre par les chasses des empereurs de la Chine. Chaque année, des individus amenés de la Mantchourie se vendent sur le marché de Pékin. Parmi les gallinacés, on voit encore dans la province de Pe-tche-li le tétras à queue fourchue des montagnes d’Europe, quelquefois la gelinotte, la bartavelle, et une perdrix presque semblable à notre perdrix grise ; la caille commune passe également dans la contrée, et en octobre M. Swinhoe en a remarqué d’immenses troupes qui tombaient dans les environs de Takou.