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s’il plaisait au saint-père d’adopter ses idées, serait prêt à fournir des solutions sur toutes les questions de droit et de procédure qui ont été tranchées par Rainfredus[1] dans ses petits livres de droit civil et de droit canonique. Si cette œuvre voyait le jour et passait dans l’usage, la terre-sainte y gagnerait cet avantage que tous ses habitans, étant experts dans l’office de juge et de défenseur, seraient comme resplendissans d’une science divine. Le conseiller de tout mal ne manquera pas d’objecter : « Grâce à cette manière rapide et abrégée de terminer les débats judiciaires, tu supprimes les effets d’un nombre considérable de lois, fruits de longues et doctes veilles, qui ne serviront plus à rien et couvriront inutilement le parchemin. » Distinguons. Parmi ces lois, il y en a qui enseignent à terminer les procès : ces lois-là subsistent ; mais il y en a d’autres dont l’application, grâce à la malice humaine, qui ne fait qu’augmenter, offre aujourd’hui de graves inconvéniens. Notre projet les supprime ; toutefois elles ne seront point pour cela effacées du Corpus juris.

Le saint-père est seul assez puissant pour amener la réformation spirituelle et temporelle de la république chrétienne. Quand il voudra procéder à l’organisation de tout ce qui précède, et en particulier à celle des écoles, l’auteur est prêt à se mettre à son service, après avoir abandonné sa terre natale et son office public d’avocat pour les causes ecclésiastiques de ses très illustres seigneurs les rois de France et d’Angleterre.

Les couvens de femmes préoccupent beaucoup Du Bois. Le nombre des professes doit diminuer, de sorte qu’à l’avenir elles ne soient jamais dans chaque monastère plus de treize. Ainsi cesseront beaucoup d’abus, l’admission de religieuses pour des revenus en argent ou en nature, les choix d’abbesses ou de prieures par conventions illicites, de nombreuses fautes naturelles et quelquefois non naturelles. Les dotations des monastères serviront à instruire des filles séculières suivant les méthodes indiquées. — On appliquera les mêmes règles à la réforme des ordres mendians. Pour qu’ils puissent se livrer à la contemplation, et qu’à l’avenir ils ne fassent plus de gains illicites, les ordres mendians devraient, comme la tribu de Lévi, être pourvus d’alimens sur les biens de la république chrétienne. S’ils avaient par provision de l’église le pain et le vin avec le vêtement et la chaussure, les profits éventuels (casualia) leur suffiraient certainement quant au reste, surtout si l’on considère la haute sagesse, la science et l’expérience da quelques-uns des moines mendians. Plus de 300,000 livres tournois pourront être ainsi recueillies au profit de l’œuvre de la terre-sainte. Pour que

  1. Auteur de livres élémentaires sur le droit, natif de Bénévent.