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des applaudissemens pour tout ce qui venait d’en haut ; aujourd’hui, aux lueurs sinistres de nos ruines, nous paraissons nous réveiller à la vérité. Que ceux qui croient pouvoir s’en faire les apôtres s’épargnent d’inutiles insultes au passé ; qu’en proclamant tout haut ce qu’ils croient vrai, ils écoutent toujours la voix de leur conscience, et n’écoutent qu’elle : ils se préserveront ainsi de toute injustice, ils y trouveront la force nécessaire pour remplir la tâche qu’ils s’imposent.


IV.

Il ne peut entrer dans notre pensée de vouloir préciser ce que seront, même dans un prochain avenir, les marines de guerre des nations qui, profitant de notre impuissance momentanée, vont se disputer l’hégémonie européenne. Si l’Angleterre et les États-Unis, par leur situation tout économique, spéciale, doivent sans cesse fixer des regards anxieux sur l’Océan, ce vaste théâtre de leur activité et la source la plus assurée de leurs richesses, sinon pour y régner en maîtres, du moins pour en assurer la liberté, les autres peuples videront leurs querelles sur ces champs de bataille du vieux monde déjà tant de fois inondés de sang. C’est sur leurs armées plus que sur leurs flottes qu’ils s’en remettront du soin de l’avenir. Pour nous, qui devons attendre en nous recueillant, il nous faut conserver, accroître même toutes nos forces vives avec le moins de dépenses possible. L’économie n’est-elle pas la plus grande de ces forces ? Tel étant le but, nous exposerons brièvement et sans les discuter les mesures qui nous paraissent devoir y conduire, et auxquelles les considérations précédentes doivent avoir préparé l’esprit de nos lecteurs.

Suppression des escadres d’évolution en tant que forces permanentes et écoles maritimes, suppression des stations navales, aliénation par vente, ainsi que cela a été fait en Angleterre, de la plus grande partie de notre flotte de transport, telles sont tout d’abord les trois mesures qui nous paraissent devoir être prises ; c’est, on le voit, une révolution radicale, et de pareilles révolutions ne peuvent être proposées que lorsqu’on peut reconstruire un ordre meilleur sur les ruines du passé.

Les forces maritimes effectives comprendront : 1° 12 frégates[1] armées, montées par un équipage maximum, commandées par un capitaine de vaisseau, ayant un état-major de 2 capitaines de frégates, 6 lieutenans de vaisseau, 6 enseignes, 20 élèves ; — 2° une

  1. Nous conservons le mot frégate comme expression des navires actuellement commandés par un capitaine de vaisseau.