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de grands troupeaux de bœufs placés dans de très mauvaises conditions hygiéniques. Cependant aucun n’a présenté les signes de la peste bovine, tandis qu’aussitôt après l’arrivée des approvisionnemens le fléau s’est montré non-seulement sur les bœufs des parcs de ravitaillement, qui avaient souffert, mais encore dans les vacheries, où les animaux étaient très bien soignés.

La peste bovine est excessivement contagieuse. Si elle ne peut se développer spontanément dans l’Europe occidentale, elle s’y propage par contagion avec une désespérante rapidité. Toutes les parties d’un animal malade ou de son cadavre, les solides, la chair, le cuir, le suif, les intestins et les matières qu’ils renferment, comme les liquides, le sang, la salive, le mucus, la transmettent. Les chiens, les chats, les oiseaux, l’ont plusieurs fois transportée d’un village dans un autre et d’une ferme dans la ferme voisine ; mais ce sont les bêtes à cornes qui la propagent le plus souvent. Des vaches, des bœufs qui n’en sont pas infectés, qui peut-être ne la contracteront pas, peuvent la communiquer. C’est ainsi que par les foires et les marchés l’épizootie envahit rapidement des contrées entières : — le commerce des maquignons est toujours très-nuisible quand il règne des maladies contagieuses sur le bétail. Les valets- de ferme, les mendians, ont été signalés comme une cause de dissémination du mal, et bien des fois des empiriques, qui avaient pour mission de le traiter et d’en préserver les animaux, l’ont, par leur négligence et leur incurie, porté d’une étable à une autre. Ceux qui sont chargés de visiter les étables ne sauraient prendre trop de précautions pour ne point porter, par leurs vêtemens par exemple, les germes du mal dans les lieux où se trouvent ou peuvent se trouver des bêtes indemnes. La rapidité de la contagion dans les contrées que la peste bovine envahit s’explique par la subtilité de ses germes, qui se fixent à tous les corps en rapport médiat ou immédiat avec les animaux malades. Les harnais, les fourrages, les crèches, les murs des. étables, le fumier, peuvent en être des agens propagateurs. L’air atmosphérique peut la transporter à d’assez grandes distances : on a vu des bestiaux infectés par des animaux d’un autre pâturage sans qu’il y eût eu contact. Le simple passage de bœufs malades dans un chemin peut la communiquer à des bœufs qui sont à proximité de ce chemin, à plus forte raison à des bœufs qui, même un temps assez long après, suivraient la même route. Par leurs expériences sur l’inoculation de la peste bovine, les vétérinaires russes ont pu constater que le germe de cette maladie se conserve dans les étables pendant trente-deux jours malgré les ; grands froids.