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LA
MARINE D’AUJOURD’HUI

II.
L’AMIRAL BRUAT ET LE GÉNÉRAL PÉLISSIER.


I.

Les Anglais n’avaient pas été sans influence sur la nomination du nouveau commandant en chef[1]. Il fallait donner un gage à la bonne entente ainsi rétablie. On reprit cette expédition de Kertch à laquelle nos alliés paraissaient attacher un vif intérêt, et dont l’avortement leur avait causé un extrême dépit. Le plus grand service que nous aient rendu les Anglais pendant la campagne de Crimée, — je ne parle pas des services politiques, — c’est d’avoir constamment éclairé notre route. Grâce aux renseignemens qu’ils se procuraient à tout prix, nous n’avons que rarement marché à l’aveugle. En partant pour Kertch, nous avions déjà des plans très exacts du détroit de Jénikalé et de la mer d’Azof. Le point de débarquement était fixé. La seule incertitude qui planât sur l’expédition provenait de l’ignorance où nous étions encore des dispositions des Russes et de l’effectif des troupes qu’ils comptaient nous opposer. Quelle résistance allaient rencontrer nos soldats ? Ne nous exposions-nous pas à créer un second centre d’opérations qu’il faudrait approvisionner de la mer et alimenter par de constans renforts ? C’étaient là des réflexions qu’il eût fallu faire avant le départ. Quand le mo-

  1. Voyez la première partie dans la Revue du 15 juillet.