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combiné avec d’autres substances minérales ; mais en fait d’étude scientifique tout se borne encore à l’analyse de quelques minerais. Dans les granits se trouve du fer oxydulé contenant du titane et du manganèse, et ainsi très analogue à celui de la Suède ; comme ce dernier, c’est un minerai donnant du fer et de l’acier de qualité supérieure. Les voyageurs ont appris qu’en beaucoup d’endroits on le ramasse à la surface du sol ; en effet, par la continuelle désagrégation des granits, le minerai, isolé et entraîné avec les sables, se dépose en grande abondance. Ainsi qu’en jugeaient nos compatriotes du XVIIe siècle, le sol de Madagascar est bien riche ; mais pour cette terre l’œuvre de la science est à peine commencée.

II.

Les formes sous lesquelles la vie se manifeste dans la grande île africaine offrent un saisissant intérêt. Déjà connues d’une façon qui permet d’apprécier le caractère de l’ensemble, longtemps encore elles appelleront l’investigation scientifique. Sur ce sujet, remarquable au plus haut degré, l’étude de chaque détail apporte un enseignement ; on n’a pas oublié l’exclamation de Philibert Commerson à la vue de cette nature à la fois étrange et magnifique. Plus l’examen a été sérieux, la recherche profonde, la comparaison poussée loin, plus la pensée a été conduite à la méditation. Le voyageur instruit qui visite Madagascar après avoir exploré les rivages de l’Afrique, de l’Inde, des îles de la Mer du Sud, se trouve jeté au milieu d’un monde nouveau ; plantes et animaux ont un aspect particulier ; ce sont des espèces qu’on n’a observées nulle part ailleurs, souvent des types très caractérisés qui n’existent en aucun autre pays. En considérant la position géographique de la Grande-Terre, on aurait pu s’attendre à voir une flore et une faune pleines de ressemblance avec celles des parties orientales de l’Afrique, et la différence est extrême. Mieux encore peut-être on se serait imaginé que Bourbon et Maurice donnaient déjà l’idée de la végétation et de la population animale de la grande île, et c’est à peine si quelques espèces témoignent d’un certain voisinage. Parfois l’observateur est frappé d’une analogie, c’est alors dans l’Inde ou à la côte occidentale d’Afrique qu’il faut chercher le terme de comparaison. Ainsi chaque espèce végétale ou animale qu’on rencontre sur la Grande-Terre ouvre la carrière à l’esprit qui s’efforce de parvenir à la connaissance des lois de la distribution de la vie à la surface du globe. Au-dessous de cet intérêt d’ordre supérieur se présente, accessible à tous, l’intérêt dont s’est tant préoccupé Flacourt : l’abondance et la variété des produits utiles à l’homme que fournit la riche nature de Madagascar.