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chevaux et de munitions, à la charge pour le prélat de les indemniser de leurs dépenses une fois la ville prise. Le comte Franz de Waldeck était malheureusement presque à bout de ressources. Il avait élevé les taxes, appelé sous son étendard tous ses vassaux en les obligeant de s’équiper à leurs frais, contraint les églises d’apporter les joyaux de leurs trésors. Tout cela n’avait pas suffi pour subvenir aux dépenses d’un siège qui n’avançait pas. Le duc de Clèves et l’archevêque de Cologne songèrent alors à coopérer directement à la guerre faite à Münster. Des négociations s’ouvrirent entre ces princes et le comte Franz. On ne parvint pas à s’entendre sur les moyens les plus propres à soumettre la ville, surtout sur la part que chacun devait supporter dans les charges qu’il était nécessaire de s’imposer; chaque état visait à débourser le moins possible. Les intérêts du cercle électoral du Rhin, dont dépendait Cologne, n’étaient pas d’ailleurs les mêmes que ceux du cercle de Westphalie et du Bas-Rhin, à la tête duquel était placé le duc de Clèves. On convint alors de s’adresser à la Saxe et à la Hasse, qui ne se montraient pas éloignées de prêter aussi leur concours. D’autres états manifestèrent pareillement des dispositions favorables à une répression collective, et tandis que les représentans de la Saxe et de la Hesse se réunissaient à Essen, dans les premiers jours de novembre, aux envoyés du duc de Clèves et de l’archevêque de Cologne, les députés des archevêchés de Mayence, de Trêves, de l’évêché de Wurzbourg et du Palatinat s’assemblaient à Oberwesel. Peut-être, avec la lenteur et l’esprit de contention des princes allemands, toujours divisés entre eux et se jalousant mutuellement, ne fût-on arrivé à aucun résultat, si l’on n’avait eu peur que la régente Marie ne prît les devans et n’envoyât des Pays-Bas un secours à l’évêque, ce qui aurait fait tourner les choses à l’avantage de la puissance personnelle de l’empereur. Les états consentirent à supporter chacun proportionnellement la dépense que devaient entraîner l’envoi de nouvelles troupes et la construction des blockhaus par lesquels on se proposait de resserrer et de rendre plus infranchissable la ligne d’investissement. On arrêta la levée d’un corps de 3,000 hommes pour opérer contre la ville, et l’on vota un subside mensuel de 15,000 florins destiné à leur entretien.

Pourtant ces forces ne pouvaient encore suffire, et les alliés jugèrent convenable de faire appel au concours des autres puissances de l’empire. Le frère de Charles-Quint, Ferdinand, qui venait d’être reconnu roi des Romains, convoqua, à la demande des trois cercles de Westphalie, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, une diète à Worms pour le 4 avril 1535, afin d’aviser aux mesures les plus nécessaires. La diète se réunit au jour fixé; on y discuta beaucoup et on eut grand’--