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humaines se conduisent toujours par les mêmes moyens, et ce qui a prise sur les hommes dans un cas donné peut servir dans tous les cas analogues.

Nous allons examiner par quelle série d’essais les administrations européennes en sont venues à instituer une exploitation télégraphique commune, qui, dans un service où la centralisation est nécessaire, a prodigieusement servi les intérêts publics. Il nous faudra sans doute entrer dans quelques détails techniques, présenter un certain nombre de particularités professionnelles; mais, sous l’aridité des problèmes spéciaux, on découvrira sans peine le jeu éternel des affaires humaines.

Traçons tout de suite par quelques grandes lignes le cadre de l’histoire que nous avons à écrire. Jusqu’en 1865, nous assistons aux origines, aux débuts de la télégraphie internationale. Ce n’est point une époque inféconde, loin de là : les questions se posent, les problèmes naissent et s’agitent, les idées s’éclaircissent et se font jour en se détruisant les unes les autres; en somme, on voit naître dans cette période préparatoire tous les germes des solutions que l’avenir mettra en œuvre. En 1865 s’ouvre la première grande conférence entre toutes les nations de l’Europe. Cette conférence promulgue une sorte de code, nourri de tous les travaux des années précédentes, mais qui, en les résumant et en les perfectionnant, les rejette dans l’oubli, et inaugure comme de toutes pièces un nouvel accord européen.

La convention conclue à Paris en 1865 est révisée à Vienne en 1868. La conférence de Vienne, après avoir fixé dans le service un certain nombre de points secondaires, institue un véritable pouvoir exécutif dans la confédération télégraphique. Elle ébauche du moins à cet égard une solution qui offre une importance véritable. Au mois de septembre de l’année 1871, une commission spéciale se réunit à Berne en vertu des dispositions créées par le traité de Vienne. Cette commission n’a qu’une difficulté particulière à résoudre, celle du tarif des dépêches adressées aux Indes et en Chine; la complication croissante des réseaux télégraphiques, qui ont fini par atteindre l’Océanie et l’extrême Orient, Java et l’Australie d’une part, la Chine et le Japon de l’autre, crée en effet des questions de concurrence inconnues jusqu’alors. La commission de Berne se débat entre ces embarras d’un genre nouveau; mais l’importance qu’elle a pour nous ne dépend point de la question qu’elle traite : elle nous touche parce qu’on y voit fonctionner pour la première fois, dans un conflit d’intérêt, le système amphictyonique inauguré à Vienne.

Enfin le 1er décembre 1871, dans la nouvelle capitale de l’Italie