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unifiée, les délégués européens se réunissent de nouveau pour réviser le code général qu’ils ont édicté à Paris et à Vienne. D’intéressantes propositions leur sont soumises pour resserrer les liens de l’entente commune. On demande à neutraliser, afin de les garantir contre les risques de guerre, ces câbles si frêles qui portent la pensée sous les mers ; on demande à instituer les observations météorologiques sur un plan plus précis et plus ferme qu’on ne l’a fait jusqu’à ce jour; on demande à fonder dans un pays neutre, à Berne, à Zurich par exemple, une sorte d’école ou d’institut international, tant pour les ingénieurs que pour les employés du télégraphe. Tout compte fait, le résultat de la conférence de Rome a presque été négatif. Les délégués se sont perdus dans une série de questions de détails, ils n’ont point réussi à résoudre les grosses difficultés qui ont surgi sous leurs pas, et qui résultent de la puissance nouvelle des grandes compagnies industrielles. Cependant, n’faibles que soient les résultats obtenus à Rome, le syndicat télégraphique, par le fait même de la conférence, s’affermit, se consolide et assure la continuité de son existence. La conférence de Rome a décidé que la prochaine réunion aurait lieu en 1875 à Saint-Pétersbourg.


I.

La France fit ses premiers essais de télégraphie électrique en 1845, sur la ligne de Paris à Rouen, et en 1846 sur la ligne de Paris à la frontière du nord. Le nouveau service s’étant développé rapidement, le président de la république, par un décret-loi du 6 janvier 1852, affectait un crédit de 5 millions à la création d’un réseau de lignes qui embrassait tout l’intérieur de la France et atteignait les différentes frontières. Les choses se passaient à peu près de même dans les pays voisins, de sorte que les lignes françaises en vinrent naturellement à se relier aux lignes étrangères. Ces premières jonctions se firent entre les années 1852 et 1855. Chacune d’elles donna lieu à une entente diplomatique. Comme on se trouvait en face de questions tout à fait nouvelles, que l’on n’avait presque aucune donnée expérimentale pour se guider, on procéda par conventions signées à titre provisoire. Un acte de cette nature fut conclu le 25 août 1852 avec le grand-duché de Bade. Il servit de modèle aux traités qui intervinrent avec la Suisse (23 décembre 1852), avec le royaume de Sardaigne (28 avril 1853) et avec la Bavière (29 juillet 1853).

L’usage de la télégraphie était alors fort restreint. Elle ne servait guère qu’aux relations officielles. A peine envoyait-on quelques