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Tout compte fait, la solution tardait à se dessiner. Il ne semblait pas qu’on fût près d’obtenir le résultat si laborieusement cherché. Le 15 mars, à la sixième séance, les délégués français, résolus à frapper un grand coup, déposèrent sur la table de la commission une note qui tranchait dans le vif toutes les difficultés. Il ne s’agissait de rien moins que d’admettre une taxe unique, — absolument unique, — pour toutes les dépêches échangées entre les divers états de l’Europe. Comme le nombre des pays où une dépêche peut passer sans sortir d’Europe n’excède pas six, la note française admettait le chiffre de 6 francs pour cette taxe internationale. Les pays de transit recevraient chacun 1 franc ou 50 centimes, suivant l’étendue de leur territoire; les états extrêmes se partageraient le reste, soit en parties égales, soit dans la proportion de deux à un, suivant que ces états seraient de même ordre ou d’ordre différent.

C’était là, comme on voit, une solution tout à fait radicale, si radicale qu’elle fut regardée comme inadmissible. Du moins les délibérations de la conférence en reçurent un coup de fouet, et c’était là le but que se proposaient les délégués français, qui n’avaient point espéré que leur projet fût pris au pied de la lettre. Un chiffre avait enfin été prononcé et pouvait servir de base à la discussion ; la taxe moyenne de 6 francs, bien différente de celle qui était alors en pratique, fut dès lors regardée comme l’objectif des décisions à prendre. Chacun se vit obligé de démasquer ses batteries et de définir nettement ses intentions. En même temps la conférence trouva une forme nette et précise pour déterminer l’ensemble des tarifs internationaux. Il y avait là en effet une difficulté, secondaire, mais réelle, et que les délégués avaient longtemps désespéré de résoudre; ils s’embarrassaient dans des barèmes compliqués, dans des tableaux à nombreuses colonnes et à clés multiples, qui n’offraient à l’esprit rien de satisfaisant. C’est alors qu’on en vint à distinguer les taxes « terminales » et les taxes « de transit, » conformément aux définitions que nous avons fait connaître. Le choix de ces données éclaira la question et facilita le travail; bientôt l’ensemble des tarifs put être enfermé dans un cadre clair et d’un maniement facile.

Deux tableaux distincts furent dressés. Le premier donnait les taxes terminales; chaque pays y indiquait le taux de ses correspondances pour les différens contractans. L’Italie par exemple n’avait qu’une taxe pour toutes les dépêches échangées avec l’union austro-allemande, une autre pour les dépêches échangées avec la Belgique. La division en régions avait entièrement disparu, au moins pour ce qui concerne l’Europe, une seule exception étant faite, comme nous