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une sorte de chat. La genette, qui dans la patrie du ravenala et des makis s’appelle la fossa, est un assez bel animal, que Flacourt compare à notre blaireau. Ayant le ventre d’un blanc jaunâtre, ainsi que les pattes, il est pour le reste d’une couleur fauve, avec des taches d’un roux brunâtre formant quatre bandes sur le dos. La fossa mange les poules, et les Malgaches mangent la fossa[1]. Les mangoustes, de genres propres à la grande île africaine[2], ressemblent aux civettes et aux genettes qu’on voit dans nos ménageries ; ce sont des mammifères au corps long et mince, au museau effilé, au pelage agréablement nuancé. Fort jolis sans doute, mais très carnassiers, ils font une guerre incessante aux animaux petits ou faibles ; l’un d’eux, dont le pelage est d’un rouge-brun, avec la queue rayée de noir et de blanc, se montre, dit Flacourt, très avide de miel. L’animal Carnivore de Madagascar le plus remarquable par l’association des caractères est le cryptoprocte féroce, un animal très rarement observé, qui habite les bois, où il se cache de façon à n’être pas facilement découvert. Le cryptoprocte a la taille et l’aspect général d’un chat, le pelage roux, une physionomie annonçant les instincts les plus carnassiers ; c’est un félin qui a des pieds comme ceux des ours : la plante entière porte sur le sol ; jusqu’ici on n’en connaît pas d’autre exemple.

Le sanglier à masque, qui est un peu plus laid que notre sanglier d’Europe, représente dans la faune de Madagascar l’ordre des pachydermes. Il a le garrot élevé, la croupe surbaissée, le poil rare ; à côté des défenses, il porte un énorme tubercule soutenu par une proéminence osseuse de la mâchoire ; ainsi le museau est rendu fort large, la figure de l’animal singulière et peu attrayante. Le sanglier à masque est le seul mammifère qu’on rencontre à la fois sur la Grande-Terre et sur le continent africain ; cette unique exception étonne les naturalistes[3]. Maintenant si nous ajoutons que dans la grande île africaine on trouve des chauves-souris, quelques musareignes, un écureuil grisâtre, qui élit domicile dans les troncs d’arbres creux, on aura l’idée de l’ensemble des mammifères observés à Madagascar. Nulle part dans le monde assurément, même sur une étendue de pays beaucoup plus considérable, on ne voit une réunion d’espèces aussi différentes de celles qui existent en d’autres contrées.

Les animaux domestiques, qui constituent la principale richesse des Malgaches, ont été introduits à des époques plus ou moins an-

  1. Genetta fossa.
  2. Gatedia elegans, G. unicolor, G. olivacea, Galedictis striata, G. vittata. Voyez Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Annales des Sciences naturelles.
  3. Voyez Sclater, The Mammals of Madagascar, — The Quarterly journal of science, vol. II, avril 1§64, — Potamochœrus larvatus ou africanus.