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relle ; avec les élytres de certaines espèces communes au Sénégal ou dans l’Inde, on compose des parures pour les femmes. À l’état de larve, les buprestes vivent dans l’intérieur des troncs d’arbres ; il est donc tout simple de les trouver en nombre dans les régions chaudes, où la végétation est puissante et variée. Des espèces de l’Inde, surtout des îles de la Sonde et de la Mer du Sud, ont une grande taille et un éclat incomparable ; celles de Madagascar en général ont des formes, une coloration, un aspect, qui étonnent. En effet, tandis que les buprestes de tous les pays ont le corps long et les élytres étroites., ceux de la grande île africaine sont larges avec des élytres qui emboîtent le corps et présentent un rebord plan. C’est une configuration singulière rappelant des signes caractéristiques de petits insectes d’une autre famille, les cassides, dont il y a des représentans sous notre climat. Chez les animaux en général, les parties les plus apparentes sont les plus ornées, celles qui ont les plus vives couleurs ; c’est le contraire chez plusieurs des buprestes de Madagascar. En-dessus, ils ont la teinte du bronze, en-dessous des tons violets et verdâtres délicieusement nuancés, quelquefois l’éclat éblouissant du métal poli, des couleurs d’or et de feu jouant sous la lumière. C’est encore un trait dont seule la faune de Madagascar offre l’exemple.

Si nous devons nous abstenir de parler de plusieurs types que le défaut de termes de comparaison suffisamment connus empêcherait de signaler d’une façon bien claire, semblable difficulté n’existe pas pour les cétoines. Il n’est personne qui chaque année ne remarque dans les jardins notre cétoine dorée s’enfonçant entre les pétales des roses. À Madagascar, les coléoptères de cette famille sont en quantité considérable ; on en a déjà décrit soixante-deux espèces, toutes, malgré l’extrême diversité qui règne entre elles, ayant un cachet qui les place dans une sorte d’isolement à côté des autres cétoines du monde. Les formes, le système de coloration, les font paraître étranges ; quelques-unes sont admirables : — ici, c’est chez les mâles une configuration toute bizarre de la tête[1], là des nuances charmantes dont l’exemple est unique. Telle espèce est d’un jaune-orangé uniforme en-dessus[2], telle autre, d’un noir de velours, offre des espaces qu’on croirait couverts d’argent teinté de bleu verdâtre[3], puis on en voit avec des pattes garnies de longues franges[4]. Pour la plupart, ces insectes ont été recueillis sur la côte orientale, mais en même temps on en a observé quelques espèces différentes dans la région du nord-ouest ; — ainsi que des

  1. Bothrorhina reflexa.
  2. Doryscelis calcarata.
  3. Euchrœa cœlestis.
  4. Pogonotarsus plumiger et P. Vescoi.