Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/463

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plantes ; il y a donc des animaux n’habitant qu’une partie assez restreinte de la Grande-Terre. En ce pays, souvent on aperçoit des hannetons accrochés aux branches d’arbres ; quelle sorte de hannetons ? Des bêtes énormes, blanches comme la neige ou d’une teinte jaune, — la couleur n’appartient pas aux tégumens, elle est due à de petites écailles qui se détachent avec la même facilité que la poussière de l’aile d’un papillon. Il y a des bousiers qui sont non pas noirs ainsi que les espèces d’Europe ou d’Afrique, mais d’une couleur verte métallique, et ils présentent des caractères qui les font d’un genre particulier[1]. Au milieu des sables vivent de gros coléoptères d’un type inconnu partout ailleurs que dans la grande île africaine, des hexodons, insectes gris ou brunâtres, ayant des pattes épineuses propres à fouir. Au siècle dernier, Commerson en découvrit une espèce aux environs du fort Dauphin[2] ; depuis on en a trouvé d’autres sur différens points du pays.

Dans les forêts, où les arbres trop vieux pourrissent, les insectes qui rongent le bois pendant la première période de leur vie ne manquent jamais de moyens d’existence ; aussi les capricornes n’y sont pas rares. Ce sont encore des coléoptères de genres assez nombreux dont il n’y a de représentans dans aucune autre partie du globe : des priones au corselet armé de fortes épines[3], des lamies au large front, parsemées de taches blanches sur un fond de velours noir[4], des lamies rouges[5], des leptures effilées portant sur une base massive de longues antennes minces. Les coléoptères carnassiers présentent aussi plus d’une singularité : il y a des espèces de grande taille qui se réfugient sous les écorces, des scarites tout noirs ayant le corps aplati et d’énormes mandibules munies de dents aiguës, d’élégantes cicindèles bien différentes de celles de notre pays, courant non pas à terre, mais sur le feuillage[6], enfin des coléoptères carnassiers plus extraordinaires encore, les psilocères, qu’on ne voit qu’à Madagascar[7] ; ils ont le corps svelte au possible, de longues pattes d’une surprenante ténuité, des palpes pendans qui donnent sans doute à l’animal un tact merveilleux, des élytres guillochées, une couleur bleue foncée uniforme. Ces insectes, doués d’une extrême agilité, courent sur les arbrisseaux.

Soit au milieu des campagnes, soit à la lisière des forêts, les in-

  1. Genre Epilissus.
  2. Encya Commersonii.
  3. Hoplideres spinipennis et H. aquilus.
  4. Stellognatha maculata.
  5. Callimatium callipyoum.
  6. Cicindela mirabilis.
  7. Genre Psilocera ; on en connaît une quinzaine d’espèces.