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la question, le bureau international consulta les signataires de la convention de Vienne; ceux-ci se montrèrent pour la plupart disposés à admettre une révision du tarif indien, tout en déclarant qu’elle devait être faite par une conférence ou une commission spéciale. Pendant que l’entente se poursuivait à cet égard, la compagnie Indo-European brusqua le mouvement, et signifia qu’à partir du mois de janvier 1871 elle portait à 100 francs le prix de la dépêche entre Londres et Kurrachée. Aussitôt l’administration indienne et l’office britannique qui exploite le réseau persan profitent de la circonstance pour surélever le tarif de leurs lignes.

Le bureau international s’efforce de faire cesser ce désordre. Il rappelle les uns et les autres au respect des traités, et son action conciliatrice obtient d’abord quelque résultat. On accepte provisoirement les taxes arbitraires établies par l’Indo-European et les offices indiens, la voie turque restant de son côté soumise au tarif ancien ; mais de nouvelles complications ne tardent pas à surgir. Le réseau télégraphique avait dépassé les Indes et s’étendait d’une part sur Java et l’Australie, d’autre part sur la Chine et le Japon. Comment devait-on taxer les dépêches transindiennes? Si, au prix déjà fort élevé de la dépêche entre Londres et Kurrachée, on ajoutait des sommes considérables pour les câbles placés dans les mers de l’extrême Orient, on courait le risque de décourager le public et de paralyser la correspondance. Un nouvel élément se présentait d’ailleurs dans le programme. La grande ligne sibérienne s’établissait et devait bientôt par ses prolongemens desservir le Japon et la Chine. D’après les avis qui étaient publiés, la correspondance anglo-chinoise allait trouver de ce côté une voie moins coûteuse que celle des Indes. Les compagnies qui desservaient la voie indienne voulaient donc abaisser leurs tarifs pour lutter contre la concurrence du nord; mais que devenait alors ce fragile équilibre que la conférence de Vienne avait eu tant de peine à établir entre les voies rivales? Ici encore le bureau international s’ingéniait à résoudre par lui-même la difficulté, et il y parvint tant que le réseau télégraphique ne dépassa pas beaucoup les Indes. Grâce à ses efforts, on fit porter les réductions de tarif sur la partie transindienne du réseau, et pour un temps le précieux tarif égalitaire demeura intact. Cet expédient ne fit gagner que quelques mois. Le réseau s’étendant toujours, les compagnies se montrèrent de plus en plus décidées à reprendre leur liberté et à fixer le prix de leurs dépêches de la façon qui leur paraissait la plus avantageuse. Le bureau international désespéra de les contenir; une commission spéciale fut convoquée à Berne au mois de septembre 1871 pour trancher la question du tarif des Indes et de la Chine. On ne pensa pas qu’on pût