Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/580

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attendre la conférence de Rome, qui devait cependant se réunir deux mois plus tard.

Les états qui envoyèrent leurs représentans à la commission spéciale de Berne sont les suivans : l’Allemagne du nord, l’Austro-Hongrie, la Bavière, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Roumanie, la Russie, la Serbie, la Turquie et le Wurtemberg. La Grande-Bretagne intervenait cette fois, non plus seulement pour le réseau indien, mais aussi pour les lignes métropolitaines. Depuis le mois de février 1870, le gouvernement anglais avait racheté aux compagnies leur droit d’exploitation, et la télégraphie était devenue un monopole d’état en Angleterre comme dans les autres pays d’Europe. C’est l’administration générale des postes britanniques qui avait été chargée provisoirement d’exploiter le réseau des télégraphes, et l’office anglais avait d’ailleurs adhéré régulièrement depuis le 8 juillet 1871 à la convention de Vienne.

Réunis le 25 septembre dans la grande salle du conseil du palais fédéral de Berne, les délégués se constituèrent en commission sous la présidence du représentant de l’Austro-Hongrie. Ils entendirent d’abord la lecture d’un rapport préparé par le bureau international pour rendre compte du procès qu’ils devaient trancher. Les diverses compagnies intéressées à la décision de l’assemblée avaient toutes envoyé des représentans à Berne. Les délégués des états se demandèrent quelle situation ils devaient leur faire; ils en vinrent naturellement à les admettre à titre consultatif et sans voix délibérative au sein de la commission. Il paraissait difficile en effet de régler les questions en litige sans que les compagnies eussent exposé tout au long leurs prétentions et leurs désirs. Ainsi prit séance dans la salle des délibérations un groupe d’agens qui représentaient les diverses compagnies.

Nous ne suivrons pas dans ses travaux l’assemblés de Berne. Elle n’est qu’un épisode, un intermède entre deux conférences. En deux mots, nous ferons connaître ses conclusions. Et d’abord elle commença par écarter le tarif de la Chine, estimant sans doute que pour de telles distances il fallait renoncer au principe d’égalité entre les voies diverses. En revanche, elle appliqua résolument ce principe au tarif anglo-indien, et fixa uniformément à 100 fr. 50 c. par toutes les voies le tarif de la dépêche entre Londres et Kurrachée. La voie turque dut subir ce tarif comme toutes les autres. C’était là le but que poursuivaient les compagnies, et la solution qui intervenait ne laissait pas d’avoir un côté piquant. A la Turquie, qui ne demandait rien, on allouait une augmentation considérable de transit : de 17 fr. 50 c. sa part était portée à 3t) fr. 50 c. — mais, disait le délégué ottoman, nous n’avons que faire de ce