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tingen (Georgia Augusta), fondée en 1734 par George II d’Angleterre; deux hessoises, Marbourg, fondée en 1527 par le landgrave Philippe le Magnanime, et Rinteln, en 1627, par Ernest III, comte de Holstein et Schaumburg; une brunswickoi.se, Helmstaedt, en 1575, par le duc Jiilius; enfin une prussienne, Halle, en 1694, par le roi Frédéric Ier[1].

Napoléon n’aimait pas les universités allemandes, qui différaient si fort du type qu’il avait adopté pour l’enseignement français. Un autre péril venait de la détresse financière du roi Jérôme; il n’eût pas mieux demandé que de traiter les biens des universités comme ceux des couvons. Gœttingen seul avait déjà perdu 150,000 francs de ses revenus. Jean de Müller, élève de ces universités, imbu des grands souvenirs de la réforme allemande, dont elles étaient des monumens, lutta pour leur conservation. Le 28 mars 1809, Jérôme déclara positivement à son ministre de l’intérieur qu’il voulait un projet de suppression pour Marbourg, Rinteln et Helmstaedt. Müller était au désespoir : vainement il s’efforça de démontrer que « chacun de ces établissemens littéraires faisait la seule ressource d’un district entier par l’argent qu’ils y faisaient circuler et dont une partie y était apportée par des étrangers, qu’ils y tenaient place d’une industrie qui n’existait pas et qui ne pouvait être introduite, que les pensions à payer aux titulaires actuels emporteraient la plus grande partie des profits que le trésor pouvait se promettre de la suppression. » Si on l’invitait à choisir, il avait de bonnes raisons en faveur de chacune de ces universités : Helmstaedt n’avait besoin que de 10,000 francs de subvention, Rinteln vivait de ses propres ressources, Marbourg était la seule université calviniste du royaume. Le souvenir des fondateurs était cher aux peuples. Si l’on voulait travailler à une régénération de l’esprit allemand, on n’avait pas de plus puissant moyen d’action. Reinhard lui-même, qui comprend la situation financière, mais qui, lui aussi, a été l’élève d’une université allemande, s’émeut à l’idée de ces destructions. « Lorsqu’on pense que tous les frais d’entretien de tous ces établissemens respectables et utiles sous tant de rapports, écrit-il à Champagny, n’excèdent guère 600,000 francs, que l’ameublement d’un palais de moins suffirait pour couvrir cette dépense, comment croire à la nécessité indispensable de les supprimer? » Dans son rapport du 10 août 1809, il constate que Rinteln et Helmstaedt n’existent plus, que Mar-

  1. Siméon, dans son exposé de juillet 1808, dit que ces cinq universités avaient cent quarante professeurs, que l’instruction publique, dans son ensemble, coûtait un million, « luxe de professeurs et d’établissemens que pourrait envier un vaste empire.» Il pose déjà la question s’il ne serait pas possible de « concentrer davantage ces grands foyers de lumière. » Voyez de plus amples détails sur ces universités dans le Moniteur westphalien du 26 juillet 1808.