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dans les ruchdiyés, écoles d’un ordre un peu plus élevé et entièrement gratuites. Ils y apprennent la lecture et l’écriture turques, les premières notions de calcul et les élémens de l’histoire et de la géographie de la Turquie. Ils suivent ces cours pendant quatre ou cinq ans, et les quittent habituellement pour rentrer dans leurs familles.

Au-dessus des ruchdiyés, on trouve encore les cours des écoles des mosquées, où s’enseignent le turc, l’arabe, la philosophie, la théologie et un peu d’histoire. Les leçons, toujours gratuites, sont données généralement en arabe et ne comprennent aucune notion de sciences. Les professeurs de ces écoles sont estimés ; les directeurs prennent le nom de recteurs. Les élèves entrent aux écoles des mosquées à l’âge de seize ou dix-huit ans et les suivent pendant une quinzaine d’années, logés gratuitement dans des habitations spéciales nommées médrézés, où ils sont réunis au nombre de 30, de 40 et quelquefois de 100. Il y a, m’a-t-on assuré, près de 500 médrézés à Stamboul ; il y en a 17 seulement à Andrinople. Pendant le mois de repos du ramazan, la plupart des élèves des médrézés se répandent dans les provinces et donnent dans les mosquées des instructions religieuses qui leur rapportent quelque argent. En quittant ces écoles à l’âge de trente ou trente-cinq ans, un certain nombre d’étudians deviennent cadis, muftis ou recteurs. Les plus grands personnages ont habité les médrézés.

Dans la splendeur de l’empire, les écoles des mosquées jouissaient d’une grande renommée ; aujourd’hui leurs seuls cours sérieux sont ceux d’arabe et d’instruction religieuse, et on peut regarder ces établissemens comme de véritables écoles de théologie : la loi civile et la loi religieuse ayant l’une et l’autre pour code principal le Koran, on comprend que l’instruction religieuse ait acquis en Turquie plus d’importance que partout ailleurs. Cette organisation de l’instruction paraît s’étendre à tout pays musulman ; on la retrouve encore aujourd’hui presque identique en Algérie, parmi les Arabes.

Outre ces écoles, accessibles à tous les enfans musulmans, il en existe un certain nombre d’autres spéciales, conduisant à des carrières déterminées et que le gouvernement peuple à son gré. Les principales sont les écoles militaire, de marine, d’artillerie et de médecine. À chacune d’elles est annexée une école préparatoire ou idadiyé. Tous ces établissemens sont entièrement gratuits. On reste dans les idadiyés trois ou cinq ans, suivant qu’on a fréquenté ou non les ruchdiyés, et on y apprend la lecture et l’écriture turques, le calcul, des notions d’histoire et de géographie sur l’empire turc, quelquefois les principes d’une langue étrangère, telle que l’anglais, l’allemand ou le français. Les cours de l’école militaire et de l’école d’artillerie durent quatre ans, ceux de l’école de médecine six ans.