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Leurs programmes renferment les connaissances nécessaires aux fonctions que doivent remplir plus tard les étudians ; malheureusement l’ignorance des élèves qui y sont admis en sortant des idadiyés paralyse presque toujours les efforts des plus laborieux. Des jeunes gens ne connaissant que l’écriture, la lecture et le calcul ne sauvaient devenir en six ans des docteurs en médecine bien savans ou en quatre ans des officiers distingués. Si l’on veut modifier utilement les écoles spéciales, c’est à leur base ou aux idadiyés qu’il convient d’apporter des remèdes efficaces. L’enseignement de l’école de médecine s’est donné pendant quarante ans en français ; l’absence presque complète de termes scientifiques et d’ouvrages de médecine ou de sciences en langue turque justifiait cette mesure. Des raisons analogues ont fait longtemps professer en latin chez nous le droit, la médecine, la philosophie. Le dari-choura (grand-conseil militaire), obéissant à un esprit de réaction produit par les événemens politiques, a exigé que tous les cours y fussent professés en turc : de bons esprits regardent cette décision comme prématurée et funeste aux études médicales.

Il existe à Constantinople quelques autres écoles spéciales de moindre importance ; les plus connues sont une école normale pour former les professeurs des ruchdiyés, une école des langues qui fournit des traducteurs à la Sublime-Porte, une école forestière dirigée par un inspecteur des forêts de France et où tous les cours se font en français ; elle compte 8 ou 10 élèves seulement. Chaque province renferme des écoles de quartiers et de mosquées, un ruchdiyé et quelquefois un idadiyé.

Une loi sur l’instruction publique, édictée en 1869, établit trois ordres d’enseignement sur des bases sérieuses : 1o chaque quartier ou chaque village doit avoir au moins une école primaire ; dans les bourgs de plus de cinq cents maisons, on doit établir des écoles primaires supérieures. 2o Chaque ville renfermant plus de mille maisons doit avoir une école préparatoire ou collège, chaque chef-lieu de vilayet un lycée. 3o Il est institué à Constantinople une université impériale et un grand-conseil de l’instruction publique. Malheureusement cette organisation, excellente en elle-même, est restée lettre morte : on n’a créé ni écoles primaires nouvelles, ni collèges, ni lycées. Les ressources pécuniaires faisaient défaut, et le personnel enseignant aurait manqué partout. La pénurie de sujets capables est telle qu’il y a quatre ans, dans un grand établissement d’instruction, parmi onze fonctionnaires turcs, dont plusieurs jouissaient d’une notoriété étendue, il ne s’en trouva aucun pouvant faire pour un jeune enfant un compliment en langue turque à l’adresse du grand-vizir ; le ministre, qui attachait de l’importance à ce détail, dut recourir au savoir du président du conseil de l’instruction