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LE
MAJOR FRANS

SECONDE PARTIE[1]

IV.
LÉOPOLD DE ZONSHOVEN À M. WILLEM VERHEYST, AVOCAT À BATAVIA

Quand je me réveillai, la clarté du jour pénétrait victorieusement par l’unique fenêtre de service, dont je n’avais pas voulu fermer les volets dans l’espoir chimérique de voir lever le soleil sur un beau paysage de Gueldre. J’avais conclu de l’heure assez tardive du premier déjeuner qu’on ne se levait pas de très bonne heure au château, et l’idée me vint de faire une promenade matinale. Je marchais doucement pour ne réveiller personne, mais je rencontrai dans le vestibule Frits, qui me fit silencieusement le salut mihtaire ; la porte du perron était grande ouverte, et je m’acheminai vers la ferme dont j’avais aperçu le toit de ma fenêtre.

Cette ferme était à moi, puisque le vieux général avait dû la vendre et qu’Overberg l’avait achetée pour le compte de tante Sophie ; cependant les fermiers étaient restés, et je pouvais, sous prétexte d’y boire une tasse de lait, faire un peu causer les bonnes gens sur les habitans du château et particulièrement sur certaine habitante que bien vous devinez. Mon imagination battait déjà la campagne, plus encore que mes jambes, lorsqu’au fond d’une avenue de pins je découvris Frances elle-même, qui, un petit panier à la main, revenait déjà de la ferme, objet de mes recherches. Elle me reconnut aussi de loin, et fit un mouvement comme si elle eût voulu m’éviter. Était-ce rancune de la veille ? ne me pardonnait-

  1. Voyez la Revue du 15 juin 1875.