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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 août 1875.

Si les vacances parlementaires qui viennent de commencer pour le soulagement de l’assemblée et pour le repos du pays devaient servir à remettre un peu d’ordre dans les idées en préparant une situation meilleure, elles ne seraient vraiment pas inutiles. Elles sont du moins venues fort à propos pour suspendre momentanément des luttes qui ne faisaient que s’envenimer, pour détourner ou pour ajourner des crises qu’on semblait se faire un jeu de provoquer en les redoutant. Le fait est que cette fin de session n’a point été brillante ; elle s’est terminée à travers les incidens et les conflits, elle a été pénible, confuse, et l’assemblée s’est hâtée de se mettre à l’abri de l’expédient de la prorogation, comme si c’était encore pour elle le meilleur moyen de prolonger son existence. Sans doute le plus pressé, le plus essentiel a été fait. On a réussi à voter au pas de course, presque sans perdre haleine, un budget de plus de 2 milliards ; on est arrivé, non sans effort et sans peine, à en finir avec deux des lois destinées à compléter l’organisation constitutionnelle, la loi sur les pouvoirs publics et la loi sur le sénat. On a eu l’air par instans de soulever bien d’autres questions, qu’on s’est empressé aussitôt d’écarter ; on a prodigué les défis, la mauvaise humeur, et en définitive, par le tour qu’elles ont pris, par les incohérences invétérées qu’elles ont dévoilées, les dernières discussions n’ont eu d’autre résultat que de laisser un certain désordre, d’indéfinissables malaises d’opinion, une sorte de poids sur les esprits. Elles n’ont rien éclairci, rien décidé, rien précisé, et si le pays attendait ces dernières manifestations parlementaires pour être fixé, pour savoir à quoi s’en tenir, il en est peut-être pour une déception de plus ; il est réduit encore une fois à ne chercher une direction qu’en lui-même faute de la trouver ailleurs, à se réfugier dans cette sceptique indifférence qu’on lui reproche comme si on ne lui en donnait pas le prétexte, à se faire une politique avec sa