1830-1848.[1]
La publication des trop fameuses ordonnances surprit Sainte-Beuve loin de Paris. Il était venu passer quelques mois d’été auprès d’Honfleur, chez son ami M. Ulric Guttinguer, dans ce tranquille chalet, perdu au milieu des hortensias et des rhododendrons, que connaissent si bien les visiteurs de la côte normande. A peine la nouvelle connue, Sainte-Beuve se mit en route. Ainsi la révolution de juillet appelait à Paris celui que la révolution de février devait en chasser. Quand il arriva, tout était fini. Il se trouva dispensé de la sorte des fortes résolutions de la première heure, et il n’eut pas à se demander s’il suivrait l’exemple belliqueux de M. Littré et de George Farcy, qui prirent un fusil et descendirent dans la rue, ce dernier pour y laisser la vie[2]. Je ne sais si ce rôle militant eût été très fort dans le goût de Sainte-Beuve ; ce qui est certain, c’est que la révolution de juillet fut accueillie par lui avec les mêmes sentimens que par toute la jeunesse libérale du temps. On peut en effet révoquer aujourd’hui en doute l’opportunité politique de la révolution