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supérieur ou d’une conférence, d’un discours et même d’une déclamation de club. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher les garanties que demande M. le ministre de l’instruction publique.

Un des membres les plus savans et les plus spirituels de l’assemblée, M. Berthaud, croit les avoir trouvées dans la publicité des cours. Du moment que les cours seront ouverts à tous, ils ne pourront plus être des officines de doctrines pernicieuses ou de déclamations passionnées, chaque auditeur ayant le droit et la faculté à tout instant de rappeler le professeur à l’ordre, c’est-à-dire au sujet et au programme annoncés. M. Berthaud semble oublier comment les choses se passent dans les réunions publiques et les clubs, où la publicité n’est nullement une garantie contre les abus et les excès de la parole publique. Le sens pratique du rapporteur de la commission nous semble avoir mieux trouvé quand il incline à considérer au contraire la non-publicité des cours comme la plus sérieuse garantie que comporte ce genre d’enseignement. Qu’est-ce en effet que l’enseignement supérieur ? Comment peut-on le distinguer réellement des conférences, discours et autres exercices de la parole publique ? Quel en est le but et l’utilité propre ? Un mot suffit pour résoudre toutes ces questions : l’enseignement supérieur, s’il est sérieux et vraiment instructif, ne peut être accessible qu’à des auditeurs payans qui n’y sont admis que sur des cartes délivrées par le professeur. comme ces auditeurs fréquentent les cours pour y trouver tout autre chose qu’une distraction agréable ou une excitation à leurs passions de tout genre, le professeur ne pourra les attirer et les retenir que par un enseignement digne de son titre et de sa mission. Cela nous paraît la vraie solution pratique, et, s’il n’y avait que des cours suivis par de pareils auditeurs, nous croyons que la commission, le gouvernement et l’assemblée perdraient leur temps à chercher d’autres garanties. On pourra dire sans doute que cet enseignement à huis-clos peut être fait dans un détestable esprit et peut empoisonner de jeunes et ardens auditeurs ; on nous parlera de foyers de pestilence multipliés sur toute la surface du pays par une loi qui se bornerait pour toute garantie à enfermer le mal dans une enceinte close de fanatiques initiés. À cela il est facile de répondre d’abord que l’œil et au besoin la main de l’état pénètrent là comme partout ailleurs, et que nul enseignement qui n’est pas renfermé dans le sanctuaire de la famille n’échappe à la surveillance et à l’inspection de l’état. Et si l’on insiste sur les difficultés pratiques de cette surveillance et de cette inspection, en faisant observer que la propagande des mauvaises doctrines ne pourra être complètement empêchée, il y a une dernière réponse à faire à une pareille objection : c’est que, dans tout exercice d’un droit, il faut savoir faire la part de l’abus