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et le sens politique avec lesquels ils sont gouvernés assurent la sécurité publique ; mais un des points essentiels qui attirent l’attention et commandent le respect des nations voisines, c’est la constitution de l’armée, l’état des troupes de terre et de mer, les moyens de défense ou d’agression. Le gouvernement autrichien a usé à cet égard du même esprit de sagesse et de modération signalé sous d’autres rapports. Pour une population totale de 36 millions d’habitans, dont plus de 20 millions peuplent les 300,000 kilomètres carrés de la Cisleithanie et 15 millions seulement les 322,000 de la Hongrie et de la Croatie, l’effectif de l’armée sur le pied de paix, y compris le personnel des écoles et des établissemens militaires, de la police et de la gendarmerie, ne dépasse point 248,000 hommes. Le contingent annuel fixé pour jusqu’en 1878 est de 95,000 sur un recrutement de 337,000. Le service militaire embrasse une période de douze ans, de l’âge de vingt à trente-deux ans, dont trois années dans l’armée active, sept dans la réserve et deux seulement dans le service de la défense nationale, landwehr et honveds ; l’infanterie et les bataillons de chasseurs comptent 160,000 hommes, la cavalerie près de 45,000, l’artillerie, le génie et les pionniers 36,000 en chiffres ronds. comme on le voit, c’est une charge relativement légère ; mais le service militaire est sévèrement et régulièrement fait. La cavalerie autrichienne passe pour exceptionnelle, l’infanterie a été pourvue d’un armement perfectionné, que l’on s’occupe d’améliorer encore ; sans éclat, sans bruit, sans attitude provocante, le gouvernement a organisé des forces sérieuses. Sur le pied de guerre, l’effectif entier peut s’élever à près de 900,000 hommes et 157,000 chevaux. Enfin l’organisation des troupes de la défense nationale comprend 102,000 hommes de landwehr et 74,000 de honveds. La flotte autrichienne, à la fin de 1873, se composait de quarante-sept bâtimens à la mer, dont dix à vapeur, et de dix bâtimens en construction, dont cinq cuirassés ; le personnel des équipages à la mer n’atteignait pas 9,400 hommes. Les dépenses ordinaires et extraordinaires s’élevaient à cette date, pour l’armée de terre, à 245 millions, et pour l’armée de mer à 26. Des juges compétens, notamment les officiers supérieurs des armées étrangères chargés d’assister aux grandes manœuvres de l’armée autrichienne dans l’automne de 1874, ont rendu une éclatante justice à la parfaite instruction des troupes et en particulier de la cavalerie, surtout à la science de la tactique militaire et à la précision mathématique des grandes manœuvres. Le but poursuivi, celui d’avoir une armée plus forte par la qualité que par le nombre, semble avoir été atteint. La loi du service militaire offre bien aussi ce