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Joseph, vers la fin de la XVIIe dynastie. Baba, le maître du tombeau, fut peut-être le père d’Ahmès, chef des nautoniers, contemporain d’Amosis et de ses successeurs jusqu’à Thoutmès III. Voici le texte gravé sur la muraille : « J’ai été d’un cœur doux, sans colère, les dieux m’ont accordé là prospérité sur la terre, mes concitoyens m’ont souhaité la santé et la vie dans la ville de Kab. J’ai appliqué la punition aux malfaiteurs. Des enfans étaient à moi, dans ma ville, pendant mes jours, car j’ai procréé, grands et petits, cinquante-deux enfans. Il y avait autant de lits, autant de chaises, autant de tables pour eux, le nombre du blé et du froment était de 120 boisseaux, le lait était tiré de 3 vaches, de 52 chèvres et de 8 ânesses ; le parfum consommé a été d’un hin et l’huile de deux bouteilles. Si quelqu’un s’oppose, en prétendant que c’est une plaisanterie ce que je dis, j’invoque le dieu Mont pour témoigner que j’ai dit la vérité. J’ai préparé tout cela dans ma maison. J’ai donné du lait caillé dans des cruches et de la bière dans la cave en plus de hin que suffisans. J’ai ramassé du blé, aimant le bon dieu, j’ai été attentif à l’époque de la semaille. Étant une famine survenue pendant beaucoup d’années, j’ai donné du blé à la ville pendant chaque famine. »


III

Le conte du Prince prédestiné, découvert récemment sur un papyrus hiératique du British Museum et traduit par M. Goodwin, est de la même époque que le conte des Deux Frères : c’est encore une œuvre de la XIXe dynastie. Le scribe qui l’a rédigé, quinze siècles ayant notre ère, est inconnu. D’ailleurs, autant qu’il est permis d’en juger par le fragment venu jusqu’à nous, ce conte fantastique n’a presque rien de littéraire dans la forme. Le style est celui d’un livre de la première enfance. Les petits Égyptiens apprenaient sans doute de la bouche de leurs nourrices et de leurs berceuses les merveilleuses aventures du Prince prédestiné. Qu’on songe à Riquet à la Houppe ou à la Belle au bois dormant. Les sept fées ne manquent même point au berceau de notre prince. La scène se passe tantôt en Égypte, tantôt en Mésopotamie, où nous a déjà transportés la stèle dite de Bachtan, à la suite du dieu thébain à tête d’épervier. Grâce à la politique constante des pharaons, qui depuis l’expulsion des hyksos fut de soumettre les peuples de la Syrie et de la vallée du Tigre et de l’Euphrate, les guerres séculaires des Thoutmès et des Ramsès tournèrent l’imagination populaire vers ces lointaines contrées d’où l’on rapportait de l’or, de l’argent, du lapis-lazuli, du cuivre, des bois précieux et odoriférans. Du XVIIe au XIVe siècle avant notre ère, les roitelets de Chaldée et d’Assyrie qui