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être précisément insalubre, le climat, dans une partie des plaines, se ressent des exhalaisons de marais et des miasmes du delta danubien, dont l’extension ne rencontre pas d’obstacle avant les Carpathes, et qui sont souvent la cause de fièvres malignes. Même les tremblemens de terre sont fréquens, et les effets en ont été maintes fois très destructifs.

Toutes les productions végétales de la zone tempérée de l’Europe, jusqu’à la latitude la plus méridionale correspondant à celle de la Roumanie, se retrouvent dans cette contrée ou s’y acclimatent sans peine. Il y a surtout, quand les pluies ne manquent pas, abondance de céréales de toute espèce et de fourrages. Malgré la rigueur des hivers, le maïs et la vigne prospèrent au bord des Carpathes, celle-ci sur les coteaux, celui-là dans les terrains frais. Dans aucun pays, le maïs ne pousse avec plus de force et ne donne de plus gros épis. Les graines oléagineuses, le tabac, le chanvre, le houblon, la betterave, le mûrier, viennent également. Des essais ont démontré que même le coton annuel, à moins d’un automne très pluvieux, mûrirait aussi bien qu’en Italie. Le figuier et l’amandier croissent en pleine terre et donnent des fruits, quand ils sont abrités. Cependant la flore de Roumanie n’offre guère d’espèces particulières à cette contrée ; mais on y trouve en général toutes les plantes capables de résister au froid, qui atteint 25 degrés dans certains hivers, où les céréales d’automne ne sont préservées de la gelée qu’à la faveur d’une couche de neige. Quant à la vigne, les cultivateurs en étendent les sarmens sur le sol et les recouvrent d’une couche de terre, qu’on laisse jusqu’à ce que le printemps rende à la végétation sa vigueur et ramène les chaleurs de l’été, aussi intenses que celles des pays les plus méridionaux de l’Europe. Le règne animal réunit toutes les espèces communes aux pays d’Occident en fait de bestiaux, gibier, volaille, poisson, etc. Il y a lieu de mentionner en outre, comme particuliers à la Roumanie et en partie même caractéristiques, le buffle, la chèvre noire et le chamois, sur les pics les plus inaccessibles des Carpathes, la fréquence du loup et de l’ours, noir et brun, — l’outarde, qui vit par bandes dans les solitudes du Baragan, et le pélican, dans les îles du Danube, — le coq des bois et la gelinotte, l’aigle et le vautour, ainsi que des nuées de corbeaux et de corneilles, aussi dangereuses pour les semailles que les sauterelles pour les récoltes. Dans le Danube même on trouve le saumon, l’esturgeon, qui donne le caviar, et le délicat sterlet.

D’après les renseignemens officiels publiés en 1868, il y avait alors en Roumanie environ 3,800,000 hectares, c’est-à-dire près du tiers de la superficie totale, de terrains complètement improductifs, 2 millions d’hectares de forêts, 3,850,000 de pâturages et de prés,