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nourriture. Il consomme en outre des légumes et du mauvais laitage, ne songe, avec l’abstinence commandée pour les cent quatre-vingt-quatorze jours de jeûne de l’année, que rarement à manger de la viande, et ne boit que du moût de vin et de l’eau-de-vie très légère. Un régime alimentaire aussi peu fortifiant n’est guère favorable au développement de la vigueur du corps et de l’esprit. Près de la moitié des terres labourées sont affectées à la culture du maïs, plus du tiers à celle du froment, et plus d’un dixième à celle de l’orge. Le reste est semé ou planté en millet, seigle et avoine, haricots, pois et lentilles, pommes de terre, graines oléagineuses, tabac, chanvre et lin. Le colza est, comme on vient de le voir, une culture nouvelle. La récolte de cette graine, après avoir beaucoup fourni à l’exportation pour l’Angleterre en 1873, a manqué l’année suivante. La betterave est entièrement négligée.

La production moyenne d’un hectare serait, d’après M. Emm. Kretzulesco, pour le blé de 14 à 16 hectolitres, dans les meilleures années de 20 à 22, pour le maïs de 22 à 25 et même jusqu’à 30 hectolitres. C’est la culture des paysans qui, faute de soin, est la moins productive. Les blés durs sont les plus recherchés, comme les plus lourds et les plus farineux. L’orge est en partie employée dans les brasseries du pays ou exportée pour la préparation de malt, en partie aussi donnée comme fourrage avec le millet et l’avoine. Le seigle sert principalement à fabriquer de l’eau-de-vie.

Le tabac roumain ne le cède guère, pour la qualité, au tabac turc ordinaire. Il y avait dans les progrès de cette culture une ressource d’une importance croissante pour l’économie nationale, quand le gouvernement s’est déterminé en 1872, sur l’offre d’une somme annuelle de 8 millions de francs, à concéder le monopole des tabacs à une compagnie, ce qui a entraîné la mise en régie et un contrôle avec des restrictions gênantes pour la culture indigène. Le bon marché des cotonnades anglaises et suisses tend à restreindre également celle du chanvre et du lin, dont l’industrie domestique tisse et confectionne les vêtemens ordinaires des paysans, mais surtout leur habillement d’été, la blouse blanche et la ceinture.

La viticulture au contraire, qui s’étend déjà sur 100,000 hectares environ, et prospère le mieux sur les coteaux bordant les Carpathes, augmente d’année en année. La Roumanie produit surtout d’excellens vins blancs dans le genre du Graves, depuis peu toutefois aussi des vins rouges. Les principaux crus sont en Valachie le Dragaschan et en Moldavie le Kotnar, puis le Déalu-maré et l’Odobesti. Il y a aussi des muscats peu sucrés, mais d’un goût très agréable. La production annuelle est de 800,000 à 900,000 hectolitres: en 1862, année de grande abondance, la récolte s’était même élevée à près de 1,300,000 hectolitres; mais jusqu’à présent un