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petit nombre de propriétaires seulement se sont appliqués à traiter ces vins comme il convient, et il ne s’en exporte qu’une très petite quantité. Cependant il n’y a pas à douter qu’avec de bonnes méthodes et du soin l’industrie vinicole ne puisse devenir pour la Roumanie, comme pour la Hongrie, un élément de richesse véritable.

Pour les céréales, l’inégalité des récoltes est bien plus sensible encore par suite de la sécheresse et des autres accidens physiques. Il faut y ajouter de fréquens incendies. Dans aucun pays, il n’y a de tels écarts entre les résultats des bonnes et des mauvaises années, ce qui rend l’agriculture en Roumanie plus aléatoire qu’ailleurs, et pourrait bien, avec l’incertitude que cette circonstance entretient dans les esprits, être aussi pour quelque chose dans certaines dispositions du caractère national, la passion des Roumains pour le jeu et l’aventure. Par une supputation très large, on a cru pouvoir cependant évaluer la production moyenne annuelle du pays en grains à environ 15 millions d’hectolitres pour le blé, 20 millions pour le maïs et 8 millions pour les orges.

La maraîcherie et l’horticulture n’ont encore qu’une très faible importance en Roumanie ; autour de Bucharest même, il y a beaucoup de terrains marécageux entièrement négligés, dont le dessèchement devrait être ordonné dans l’intérêt de la salubrité publique, et qu’il serait facile de convertir en potagers. Cependant on rencontre, dans la région des collines, des plantations considérables d’arbres fruitiers, de pruniers surtout. C’est sans doute au manque des soins indispensables pour ces cultures, mais surtout d’une fumure et d’une préparation convenables du sol, qu’il faut attribuer la saveur médiocre des légumes et des fruits dans cette contrée. La rareté des jardins, l’absence d’arbres dans les champs et au bord des chemins, comptent pour beaucoup dans l’air de désolation des campagnes d’un pays où il n’y a d’ailleurs que des clôtures de clayonnage, où il n’y a ni bornage, ni cadastre.

En général, le pâturage, comme on l’a vu, l’emporte en Roumanie, pour l’espace, sur la culture des champs; mais il est resté dans un état encore plus barbare, car, si l’on excepte les prairies riveraines des cours d’eau et celles des ramifications les plus basses des montagnes, il ne comprend dans la plaine que des herbages secs promptement jaunis et ternis en été par le soleil et la poussière. Aussi les pâtres roumains conduisent-ils chaque année, du printemps à l’automne, de cette plaine, ainsi que de la Transylvanie, de nombreux troupeaux de bœufs et surtout de moutons dans les pâturages des montagnes, où il ne reste en hiver que les chèvres se nourrissant de bourgeons. Les étables sont presque inconnues dans le pays, et l’on n’enferme pas le bétail, même dans la saison rigoureuse.

La race des chevaux moldaves, célèbre autrefois et très recherchée