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filent et tissent, confectionnent les vêtemens pour l’usage de la famille et élèvent des vers à soie. Le seul artisan de profession dans les villages est le maréchal-ferrant. On fait aussi, dans beaucoup de cantons ruraux, de la poterie ordinaire et émaillée, dont les ornemens rappellent souvent les vases étrusques, dans quelques districts, des vases et des poêles de faïence ou de la verrerie commune.

Les moulins à farine, de même que les scieries et la tonnellerie, sont très primitifs; cependant il existe aussi quelques minoteries à vapeur, dont la principale est à Braïla. Dans le plat pays, ainsi que dans la Haute-Moldavie, on fait de l’eau-de-vie avec toutes les espèces de grains autres que le froment, même pour l’exportation; cependant l’eau-de-vie de prunes des montagnes est préférable. Les brasseries allemandes se sont multipliées dans les grandes villes, mais le paysan ne connaît pas encore la bière. La boulangerie et la boucherie laissent plus à désirer. Pour la parure et le luxe au contraire, dans toutes les branches de la confection proprement dite, la chapellerie, l’orfèvrerie et la bijouterie, la confiserie, etc., Bucharest offre les mêmes ressources que les autres grandes villes de l’Europe; seulement le travail comme la marchandise s’y paie beaucoup plus cher.

Quant à la tentative d’introduire dans le pays la fabrication du sucre de betterave, pour laquelle il ne conviendrait pas moins que la Hongrie, quiconque n’apporte pas lui-même des capitaux suffisans y échouera toujours, car il est difficile d’en trouver pour des entreprises industrielles à créer dans un milieu où l’intérêt de l’argent est si élevé. Pour fonder en Roumanie de grands établissemens de ce genre, il faut avoir réuni d’avance tous les fonds et moyens d’organisation nécessaires. Cependant toutes les industries qui se rattachent à l’économie rurale ou au bâtiment auraient beaucoup de chance de prospérer dans ce pays, en même temps que, pour celui-ci, l’avantage d’aider à remplir les vides que de mauvaises années laissent parfois dans son commerce d’exportation. On n’oserait en dire autant de la grande industrie manufacturière proprement dite, dont le manque de combustible et de fer, ainsi que la nécessité de faire venir à grands frais de loin les appareils, les machines et même les ouvriers, rendrait la condition très mauvaise pour soutenir la concurrence du dehors. L’heure de ces enreprises ne paraît pas encore venue.


V. — LES CHEMINS DE FER.

De bonnes voies de communication vivifient un pays par le mouvement et l’échange; quand elles sont défectueuses, quelles que