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LES DEUX RIVALES
DE L'OUEST AMERIVAIN

CHICAGO ET SAINT-LOUIS.

Le chemin de fer de l’Erié conduit entre matin et soir de New-York aux chutes du Niagara. Avant d’arriver à ces chutes, un embranchement détaché de l’artère principale relie celle-ci à un autre réseau qui, marchant directement à l’ouest et traversant les états de Pensylvanie, Ohio, Indiana, porte le voyageur en moins de vingt-quatre heures vers la pointe méridionale du lac Michigan. C’est là qu’est bâtie Chicago, qui dès le premier jour s’appela, dans un élan de satisfaction juvénile, « la reine des prairies, » et bientôt ravit à Buffalo, l’orgueil du lac Erié, celui de « reine de l’ouest. » Chicago compte à peine quarante-cinq ans d’existence, et sa population atteint déjà le chiffre de 500,000 âmes. C’est le premier marché du monde pour les grains, le bétail et les viandes salées. Bien plus, à l’intérieur de la vaste région occupée par l’Union américaine, c’est comme un centre naturel où convergent tous les états atlantiques : dix-sept chemins de fer conduisent à cette grande métropole de l’Illinois. Toute ligne ferrée partie des bords de l’Océan dispute à sa voisine l’honneur de vous mener à Chicago de la manière à la fois la plus rapide et la plus économique. Aujourd’hui on ne met guère plus de trente heures pour y aller de New-York. La distance est environ de 1,600 kilomètres ou deux fois celle de Paris à Marseille, que l’on prenne au départ le chemin de fer de l’Erié ou celui de l’Hudson.

En traversant en écharpe tout l’Illinois par une des lignes ferrées qui vont de Chicago au Mississipi,.on arrive en une nuit dans une