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Or pendant que le premier ministre autrichien était à ce travail, qu’il parait avoir déjà communiqué à Saint-Pétersbourg, le cabinet turc de son côté publiait spontanément un firman par lequel il promet une fois de plus toutes les réformes possibles. Qu’en sera-t-il de ces réformes spontanées ou des réformes qui allaient être proposées ? Comment conciliera-t-on l’acte souverain de la Porte et le programme sur lequel les cabinets du nord sont occupés à délibérer ? C’est là aujourd’hui la difficulté. De toute manière, entre la proposition ou la promulgation des réformes et l’exécution il y aura toujours loin en Turquie.

À vrai dire, la seule question sérieuse est celle des garanties, et sur ce point les gouvernemens du nord s’entendront sans doute avec les cabinets de l’Occident, comme ils n’ont cessé d’en témoigner l’intention. En un mot, la question rentrerait dans le domaine des affaires européennes soumises à une délibération commune. Ce serait ce qu’il y aurait de mieux. Là évidemment la paix inspirerait toutes les résolutions. Elle aurait pour garantie non-seulement les sentimens des puissances du nord, qui se sont réservé jusqu’ici un rôle distinct, mais les efforts combinés de la France, de l’Angleterre et de l’Italie, qui n’hésiteraient point à concerter leur action. Est-ce qu’en effet tout ce qui se passe dans le monde, tout ce qui peut menacer la sécurité universelle, n’est pas de nature à renouer, à resserrer l’alliance des nations occidentales ? est-ce que tout n’indique pas la nécessité, l’utilité de cette alliance pour l’honneur et le bien de tous ? On a pu s’émouvoir un instant en France de l’affaire de Suez ; aujourd’hui cet incident est éclairci ; il était ramené récemment encore par lord Derby à ses vraies proportions, et la France n’a point à s’alarmer d’un acte de prévoyance de la nation anglaise. D’un autre côté, on disait récemment en Angleterre : « Le temps viendra où les circonstances exigeront que la France reprenne sa situation en Europe… » Ces sentimens communs aux deux pays sont une des meilleures garanties de la paix, qui est dans le désir et sans doute dans la volonté de tous, qu’il faut souhaiter à l’Orient et à l’Occident, à nos amis et à nos ennemis, aux Slaves, qui cherchent à conquérir une condition meilleure, comme à l’Espagne, qui se prépare à porter le dernier coup à la guerre civile. Puisse donc cette année qui s’ouvre dans la paix se clore dans la paix !

CH. DE MAZADE.



REVUE SCIENTIFIQUE.

Il y a un certain nombre de questions scientifiques qui pendant quelque temps agitent l’opinion, puis le silence se fait ; comme les savans ont été impuissans à donner la solution du problème, il semble que tout est fini, et qu’on n’en doit plus rien entendre, lorsque tout à coup