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LA
VIE DE PROVINCE EN GRÈCE

DIX MOIS DE SÉJOUR EN ACHAÏE.

Peu de pays sont autant visités aujourd’hui que l’Orient ; la Turquie, la Syrie, la Grèce surtout, sont d’ordinaire, après l’Italie, la première étape de l’Européen qui voyage, et les communications sont devenues si faciles, que nous trouvons presqu’à nos portes ces mystérieuses contrées qu’on appelait autrefois le berceau du monde, ces rivages anciens consacrés par le souvenir de tant de grands peuples disparus. Il ne faut pas cependant s’y tromper : si l’Orient est facile à voir et à connaître, il n’en est pas de même de ses habitans ; aucun peuple ne se dérobe davantage à l’attention de l’observateur et ne trompe plus facilement son étude. On voit au premier jour que les Orientaux sont mous, paresseux, lourds, mais tout leur caractère n’est pas résumé dans ces trois mots, et l’on ne connaît pas aussi vite ce qu’ils cachent soigneusement aux regards des curieux, — leur vie privée. Il faut s’initier peu à peu à leurs coutumes, s’assimiler, pour les comparer aux nôtres, toutes les pensées qui les dirigent, assister sans les troubler à tous les détails de leur existence, en un mot se faire Oriental soi-même. Pour cela, les villes ne suffisent pas, le contact de l’étranger a déjà modifié leurs usages ; c’est au sein même du pays, dans les provinces, qu’il faut aller chercher des traits encore intacts et caractéristiques.

Un long séjour dans une petite ville du Péloponèse, Aigion, et