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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril 1876.

Puisque nos sénateurs et nos députés, après le grand effort des dernières semaines, se sont empressés de quitter Versailles pour aller jouir des vacances de Pâques ou assister à la session de printemps des conseils-généraux, puisqu’ils ont pris congé jusqu’au 10 mai, ils feront bien d’en profiter pour se livrer à quelques réflexions salutaires et à une petite enquête de circonstance. Ils n’ont pas besoin de s’agiter, de provoquer des réunions publiques ou privées, ni même de mander évêques, préfets ou colonels de gendarmerie ; ils n’ont qu’à s’interroger eux-mêmes, à interroger la situation, et s’ils veulent bien se livrer sans parti-pris à cet examen de conscience parlementaire, ils s’avoueront qu’il peut y avoir pour les assemblées plus d’une manière de perdre leur temps, et pour les majorités plus d’une manière de mésuser de leurs avantages.

La vérité est que cette courte session, qui a été l’inauguration d’une législature nouvelle, d’un nouveau régime, reste jusqu’ici une entrée en scène assez médiocre, et qu’elle laisse une vague impression d’incertitude. Le sénat est entré réellement un peu vite dans son rôle de temporisateur et de sage : il a passé son mois à éviter de faire parler de lui, à s’abstenir le plus possible de toute initiative et même à se réunir le moins possible, — après quoi il a été le plus pressé de partir ! La chambre des députés, en faisant plus de bruit, n’est pas arrivée à des résultats bien plus sensibles. Elle s’est fort agitée sans doute, si l’on veut. Elle a prodigué les discussions fastidieuses aboutissant à des invalidations systématiques. Elle s’est donné le plaisir de mettre des commissions en mouvement pour hâter de huit jours la levée de l’état de siège qui allait disparaître de lui-même. Elle a voté l’urgence sur l’amnistie pour finir par l’ajourner. Des propositions, des motions, il y en a eu et il y en a de toute sorte pour réformer tous les impôts, pour