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Madrid a chaque jour à vaincre ou à déjouer autour de lui. Aujourd’hui il s’agit de mettre le dernier sceau à la situation de la Péninsule replacée dans les conditions de la monarchie constitutionnelle et délivrée de la guerre carliste. C’est la question qui se débat dans les cortès, dans la presse, même dans les salons de Madrid ; c’est pour arriver à la solution définitive, équitable de cette question que le président du conseil est obligé de soutenir une lutte incessante. Depuis plus d’un an, M. Canovas del Castillo a été réellement l’homme d’état de la restauration espagnole. Il a eu successivement à tenir tête à toutes les complications, à l’insurrection carliste d’abord, puis aux difficultés du rétablissement du régime constitutionnel après les crises de ces dernières années. La guerre carliste une fois terminée, la question constitutionnelle a repris le dessus, et avec elle la question religieuse qui est partout au-delà des Pyrénées, puis la question des fueros qui est un legs de la guerre. Partisan sincère de la monarchie, mais en même temps libéral modéré, M. Canovas del Castillo devait avoir nécessairement contre lui tous les partis extrêmes, les absolutistes, les cléricaux, les libéraux, qui en sont toujours à la monarchie démocratique du roi Amédée. C’est dans cette lutte qu’il déploie depuis quelques mois l’esprit de ressource, la souplesse, l’habileté d’un vrai politique, cherchant à travers tout rétablissement d’un régime modéré, mettant la monarchie hors de question, offrant toutes les garanties libérales, sauvegardant la tolérance religieuse. La constitution qu’il a présentée aux cortès et qui va être votée est l’expression de cette pensée. Et ce ne sont pas là pour lui les seules difficultés : il a chaque jour à faire une place aux généraux sans trop laisser les influences militaires envahir la politique. Sa force a été jusqu’ici, avec son habileté, la confiance complète du jeune roi Alphonse XII. Il mérite assurément de pouvoir conduire son œuvre jusqu’au bout. C’est d’autant plus nécessaire qu’après toutes les questions politiques il reste une question plus grave encore peut-être, celle des finances, dont la solution peut seule rendre la vie facile à la monarchie nouvelle par le rétablissement du crédit de l’Espagne.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.
L’Administration anglaise et le mouvement communal dans le Bordelais. — Les Anglais en Guyenne, par M. D. Brissaud. Paris 1875.


Les archives de la mairie de Bordeaux possèdent deux précieux volumes manuscrits et hier encore inédits qu’un savant professeur vient de prendre pour objet d’une très intéressante étude sur l’histoire de la