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au sud, dans le Yunnan, qui sépare la Chine de l’empire birman, il existe des gîtes considérables d’un anthracite de bonne qualité, et dans le voisinage on trouve du minerai de cuivre, d’étain, de zinc et de plomb en abondance. D’après M. de Richthofen, tous ces gisemens, comme ceux de l’Inde, appartiennent à une formation plus moderne que le terrain houiller, peut-être au trias, peut-être même au lias. Le véritable terrain houiller fait son apparition un peu plus vers l’est, dans la province de Hounan, d’où une flottille de bateaux qui animent sans cesse le Yang-tse-kiang et ses affluens apportent le charbon fossile à Hankow. Le bassin houiller de la province de Hounan peut se comparer à ceux de la Pensylvanie ; il couvre une aire de 46,000 kilomètres carrés, et s’étend sur les deux rives du Siang jusqu’à Siang-tan. Il renferme de l’anthracite d’excellente qualité dans la partie sud, et de la houille bitumineuse dans la partie nord. Ce gisement pourra surtout approvisionner le centre de la Chine ; les ports tireront leur combustible avec plus de facilité des provinces du nord. La première qualité d’anthracite se vend à Hankow 25 ou 30 francs la tonne. L’extraction atteignait en 1870 environ 150,000 tonnes. Les habitans de cette province sont, d’après M. de Richthofen, une race rude, laborieuse et intelligente, mais très hostile aux Européens. C’est la province qui fournit le plus de mandarins ; on y trouve une école où un millier de jeunes gens étudient toute la journée chacun dans sa cellule : ils n’ont qu’un seul professeur, qu’ils vont consulter lorsqu’ils se trouvent embarrassés par une difficulté.

C’est dans le nord de la Chine, dans cette région où tout est jaune, la terre et l’eau, les routes, les champs, les collines et les rivières, que se rencontrent les bassins carbonifères les plus riches et les plus étendus. Il semble qu’il y ait eu là dans le principe un dépôt houiller continu qui régnait sur un espace de 25 degrés de longitude, depuis les déserts de l’ouest jusqu’aux rivages de la Mer-Jaune ; le lent travail d’érosion et de dénudation qu’accomplissent les eaux depuis un nombre inconnu de siècles, et qui modifie peu à peu le relief de la surface terrestre, y a fait sans doute de larges brèches. Néanmoins ce qui reste peut encore rivaliser avec les gisemens américains, et la plus grande partie de ces dépôts appartient à la vraie formation houillère, une faible partie seulement à des terrains plus récens.

Le centre de ces gisemens peut être placé à bon droit dans la province de Chansi, qui est aussi le district le plus fertile en minerai de fer. Toute la partie sud de la province forme un gîte houiller d’une incroyable richesse, et nulle part ailleurs l’extraction ne rencontre des conditions aussi favorables. Les strates carbonifères, où la houille apparaît en lits puissans et presque horizontaux,