Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 16.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constituent un seul plateau d’une étendue d’au moins 80,000 kilomètres carrés, reposant sur une assise de calcaire également horizontale, et terminé à l’est et au sud par des escarpemens qui lui donnent l’aspect d’un massif isolé. Cette montagne de houille, connue depuis les temps les plus anciens sous le nom de Tai-hang-chan, s’élève à 600 ou 900 mètres au-dessus du niveau de la plaine adjacente ; elle est surmontée par une seconde terrasse, composée de couches horizontales de grès, qui atteint une hauteur de près de 2,000 mètres ; des failles la déchirent en plusieurs endroits jusqu’au niveau du calcaire inférieur, et c’est là et dans les sillons creusés par de nombreux cours d’eau, que les lits de houille affleurent et deviennent accessibles. Il serait facile de les attaquer souterrainement par des galeries horizontales, où l’on établirait des voies ferrées ; la faible inclinaison des strates favoriserait l’écoulement naturel des eaux. On ne trouverait nulle part ailleurs un stock de charbon à la fois aussi abondant et aussi facile à exploiter. Si ce gisement à fleur de terre existait en Europe, où s’arrêterait l’essor de notre industrie ?

Ajoutons qu’une montagne de gneiss, le Ho-chan, qui court du nord au sud, et qui s’élève à 2,400 mètres, divise le plateau houiller en deux ailes ou régions : l’aile orientale se compose d’anthracite, l’aile occidentale de houille ordinaire. L’anthracite est de première qualité, compacte et très pur ; l’un des lits, dont les affleuremens peuvent être suivis sur une étendue de plus de 300, kilomètres le long des flancs du Taï-hang-chan, a une épaisseur qui varie de 6 à 9 mètres. On le débite en gros blocs cubiques, qui se vendent sur les lieux au prix de 60 centimes la ton ne ; le charbon bitumineux vaut de 30 à 40 centimes. Ces prix montrent assez avec quelle facilité s’obtiennent ces produits.

Les provinces de Honan et de Kansou, qui touchent au Chansi du côté du sud et de l’ouest, sont moins riches en charbon ; mais elles ont l’avantage d’être situées sur la route de Changhaï à Moscou. Dans le voisinage de Pékin, il y a des mines d’où l’on tire un anthracite de qualité moyenne qui est porté à la capitale par des ânes et des chameaux. Enfin la province de Chantoung renferme des gisemens de houille situés à proximité de la côte, qui malheureusement n’a pas de port en cet endroit ; mais il serait facile de les mettre en communication avec la capitale par une voie ferrée. Les négocians de Tien-tsin y avaient songé ; ils n’ont pu obtenir l’autorisation du gouvernement, et ils continuent d’acheter au prix de 12 taëls (100 francs) la ton ne du charbon anglais, qui n’est pas meilleur que le charbon indigène, qu’on pourrait si facilement se procurer pour la moitié de ce prix.

Ces données sommaires, empruntées à M. de Richthofen, suffiront