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rencontrent avant le départ de promptes facilités pour les acquérir. Même après le cardinal Angelo Mai, il peut y avoir encore des parties nouvelles à rencontrer dans les manuscrits conservés à Rome. Rien que pour les documens grecs, on peut juger de ces richesses par le catalogue, dressé par M. Haase en trois volumes et conservé à notre Bibliothèque nationale, des pièces que la conquête française avait apportées à Paris et que le Vatican a recouvrées. M. Miller nous avertit que les manuscrits en papier de coton, du XIIIe et du XIVe siècle, méritent des examens tout particuliers : d’une écriture fine et abrégée, ils contiennent un très grand nombre d’opuscules, parmi lesquels il peut s’en trouver d’encore inconnus.

Ceux des membres de l’École française de Rome qui se consacrent au moyen âge savent à l’avance qu’ils trouveront dans les bibliothèques et archives d’Italie d’inépuisables trésors : beaucoup de manuscrits de nos anciens poèmes, des monumens de droit français, des chroniques intéressant la France, des chartes en quantité innombrable. La seule archive de la noble famille romaine des Gaétani, dont le chef actuel est M. le duc de Sermoneta, possède 118 caisses de parchemins remontant jusqu’au IXe siècle, beaucoup de diplômes des rois normands de Sicile et des princes angevins, beaucoup de bulles de Boniface VIII, qui fut de cette famille, et de l’antipape Clément VII, des lettres de René d’Anjou, roi de Sicile, de Jean d’Anjou, duc de Calabre, de Frédéric de Lorraine, comte de Vaudemont. C’est par centaines qu’il faut compter à Naples et ailleurs les diplômes grecs, les registres de pièces concernant la domination des princes de la maison d’Anjou, etc.

Que dire des infinies richesses que contiennent les archives et bibliothèques italiennes pour l’étude de l’histoire moderne ? Il suffit de se rappeler l’importance du rôle extérieur qu’ont joué des états tels que le saint-siège, Naples, Florence, Venise, Turin ; on se souvient des célèbres Relations vénitiennes, de l’active diplomatie de la maison de Piémont, des bullaires romains ; ce n’est pas seulement chaque ancien gouvernement, dans cette Italie jadis si morcelée, c’est chaque province, chaque ville, chaque famille, qui conserve ses propres archives. Celle des Caëtani possède environ 200,000 lettres du XVIe siècle. Les membres de l’École française de Rome n’auront qu’à ouvrir le répertoire que nous avons commencé pour y trouver, avec les renvois aux diverses archives, des indications comme celles-ci, relatives à un seul dépôt : Collection de lettres autographes du quatorzième au dix-huitième siècle, 949 cartons ; Lettres et mémoires divers depuis Louis XI jusqu’à Henri IV, 25 in-folios ; Lettres des rois, reines et divers seigneurs de France, de 1558 à 1656, 3 in-folios ; Lettres et dépêches diverses de 1554 à 1650,