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36 in-folios ; Dépêches du département de M. Michel Le Tellier, de 1640 à 1661, 44 in-folios, et ainsi de suite. — Je m’arrête, car on comprend qu’il sera plus à propos et plus prudent de se borner à indiquer les travaux déjà accomplis par les membres de l’École que de faire connaître à l’avance à quelles sources, peu connues parfois, nous comptons puiser pendant nos prochaines années. On jugera par ce qui a été fait dès nos commencemens de ce qui pourra se faire avec un plus grand nombre de travailleurs et quelque durée. Ce sera en outre le moyen de montrer grâce à quelle élasticité de cadre l’École peut espérer d’exercer son influence sur plusieurs genres d’études et dans plusieurs ordres d’idées.

Les antiquités chrétiennes et l’érudition classique ont occupé à bon droit la première place, grâce à l’activité singulière et à l’habileté de M. l’abbé Duchesne, ancien élève de l’École pratique des hautes études, et dont la présence à l’École française de Rome dès l’origine a marqué la nouvelle institution d’un excellent caractère, en servant de gage d’impartiale protection et d’impartial crédit pour quiconque se voue à la science, n’importe dans quels rangs. Le principal envoi de M. l’abbé Duchesne est une étude critique sur le Liber pontificalis, commencée dès l’année précédente. Chacun sait qu’on désigne sous ce nom une abondante série de biographies des papes, depuis le Ier siècle jusqu’au commencement du XVe. C’est un livre partout cité, principalement pour la première moitié de cette vaste période : il importe d’autant plus d’en contrôler l’authenticité, d’en connaître les divers auteurs, d’établir de quelle autorité il peut être pour l’historien. M. l’abbé Duchesne a commencé par en comparer les principaux manuscrits, dispersés en Italie, en Suisse, en Belgique, en Hollande, en Espagne, en Autriche, en Danemark. La science allemande lui envie cet apparatus ; une édition savante et vraiment critique du Liber pontificalis était attendue dans le célèbre recueil de Pertz : l’érudit qui devait la donner a été tué pendant la guerre, et son successeur vient seulement d’être désigné ; pendant ce temps-là, notre école a pris les devans. S’attachant surtout au plus ancien groupe de ces biographies, M. l’abbé Duchesne a démontré qu’on doit cesser de l’attribuer à Anastase le Bibliothécaire, sous le nom de qui on le trouve perpétuellement cité. Il a prouvé que cette série a été écrite beaucoup plus tôt qu’on ne le croyait, c’est-à-dire vers l’an 514, il a émis, d’ingénieuses conjectures sur le véritable auteur. En outre, grâce à une profonde connaissance des monumens originaux, il a fait le départ entre les élémens sérieux et les élémens fabuleux ou apocryphes ; il a déterminé la valeur historique des diverses parties de la célèbre compilation. Ces biographies abondent en informations sur l’histoire de l’église, sur l’histoire politique, sur les mœurs, les sciences et les