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arts ; il ne sera plus possible d’y recourir sans tenir compte des observations consignées dans le travail que nous signalons.

Le second envoi du même auteur est une ample dissertation, rédigée en latin, sur Macarius Magnés. — Pourquoi en latin ? Parce que, de même qu’à l’Académie romaine des Lincei on parle ou tout au moins on lit presque indifféremment les principales langues vivantes, de même une école savante à Rome doit se servir familièrement de la langue latine : plusieurs érudits et mainte grande dame nous y donnent ce bon exemple. — Macarius Magnés est un apologiste du IIIe siècle dont la littérature ecclésiastique ne connaissait que quelques fragmens, tout à fait insuffisans à donner une idée des graves doctrines dont il était l’écho. En 1867, M. Albert Dumont signala l’existence d’un manuscrit de l’ouvrage de Macarius intitulé Apocritica. Il y avait lieu de croire que ce manuscrit était le même que le jésuite Turrien avait jadis consulté à la bibliothèque Saint-Marc de Venise ; des lacunes au commencement et à la fin n’empêchaient pas qu’on n’eût retrouvé, en somme, une des œuvres de l’apologétique chrétienne auxquelles d’anciens témoignages attribuaient le plus de prix. L’importance du livre des Apocritica consiste en ce que l’auteur y reproduit, sous forme de questions et de réponses, sa controverse avec un philosophe païen, disciple de Porphyre ; nous retrouvons ainsi certaines opinions jusqu’à présent mal connues du célèbre Alexandrin. Il y avait donc un réel intérêt à publier ce texte. M. Blondel, membre de l’École d’Athènes, l’entreprit ; une mort prématurée aurait mis à néant toute son œuvre, si un de ses collègues, son ami dévoué, n’avait pris à tâche de la continuer et de la mener à bonne fin. Ce texte impatiemment attendu, ce texte recherché depuis plusieurs siècles va bientôt paraître ; à la première page, on lira le seul nom de Blondel ; mais nous saurons tous qu’à ce nom nous devrons ajouter celui de M. Foucart, et la reconnaissance du monde savant ne distinguera pas entre les mérites des deux éditeurs. En même temps paraîtra aussi le commentaire de M. l’abbé Duchesne, avec quelques fragmens nouveaux, comme pour achever de faire du Macarius Magnés une œuvre collective des deux écoles sœurs.

M. l’abbé Duchesne a joint à ce double envoi plusieurs analecta. C’est d’abord une très curieuse étude sur les origines de la légende de saint Alexis et de son culte sur le mont Aventin. On connaît cette légende. Le saint, abandonnant à Rome sa jeune épouse le soir de ses noces, s’exile volontairement à Édesse, distribue ses biens aux pauvres et vit inconnu sur le seuil d’une église dédiée à la sainte Vierge, laquelle finit par révéler ses mérites et sa vertu. De retour dans sa patrie, il demeure inconnu et dédaigné au sein même de la maison paternelle, et, quand il meurt, une voix céleste annonce à