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quête doit être terminée. Qu’on mette le nouveau volume avec tous les autres volumes au bureau des renseignemens, aux archives, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Tout le reste n’est qu’une fantaisie agitatrice conduisant à des périls inévitables à travers des discussions qui ne répondraient plus à rien, qui ne s’expliqueraient même plus par une nécessité de guerre et de défense, qui ne seraient que le jeu ariificiel de passions de partis implacables. Avoir encore au bout d’une année des élections à discuter et à invalider, c’est déjà beaucoup. Aller plus loin, garder comme une arme de parti cette menace d’un procès à toute une situation qui n’est plus, c’est remettre en doute tout ce qui a été fait et susciter des questions de gouvernement qu’on croyait résolues ; c’est prolonger gratuitement les incertitudes de l’opinion et laisser toujours ouvertes des perspectives de crises nouvelles qui ne seraient qu’une épreuve de plus, peut-être une dangereuse épreuve pour la république elle-même. On n"a pas besoin de ce tribunal véhmique de la commission d’enquête pour vivre, et il y a dans les chambres, parmi les républicains, des esprits assez sensés pour comprendre la nécessité d’en finir avec ces procédés de parti.

Autre question, qui n’est pas la moins grave et la moins délicate. Depuis quelque temps, à mesure qu’on approche de la session parlementaire et des élections sénatoriales, il y a évidemment un certain travail pour réveiller cette affaire de l’amnistie, pour préparer des propositions nouvelles, pour imposer à la majorité républicaine un acte devant lequel elle a prudemment reculé jusqu’ici. Y aura-t-il quelque motion prochaine dans la chambre des députés ? Attendra-t-on le renouvellement du sénat dans l’espoir de trouver plus de complaisance dans la majorité qui sortira du scrutin du 5 janvier ? Toujours est-il que la question reparaît sous la forme de toute sorte d’incidens, tantôt à propos de quelques contumaces qui ont été récemment arrêtés, tantôt à propos des vœux de quelques conseils municipaux plus occupés de politique que d’affaires locales ; elle est pour ainsi dire remise en mouvement de toutes parts, et les impatiens, ceux qui ne déguisent nullement leurs sympathies pour l’insurrection de 1871, se flattent déjà de voir prochainement les actes de la commune innocentés ou effacés par l’amnistie. Eh bien ! c’est là justement un de ces points sur lesquels on ne devrait ni hésiter, ni laisser l’opinion indécise. Qu’on nous comprenne bien : il ne s’agit nullement de préconiser une politique impitoyable, d’infliger des expiations indéfinies, de perpétuer les poursuites ou de confondre tous ceux qui ont pu être l’objet de jugemens sommaires et qui peuvent facilement aujourd’hui régulariser leur situation. Sur tout cela, qu’on procède avec humanité, avec équité, avec une libérale et profonde sollicitude, qu’on tienne compte du temps écoulé et des circonstances, qu’on multiplie les grâces individuelles,