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Blätter. L’année suivante, le nombre de ces associations avait déjà considérablement augmenté. Dans l’assemblée générale qui eut lieu le 9 septembre 1869, on décida de constituer une section permanente, avec la mission de provoquer la formation de sociétés « chrétiennes-sociales » ayant pour but « le relèvement moral et économique de la classe ouvrière. « Cette section était formée du vicaire Gronheid, de Munster, du professeur Schulze, de Paderborn, et du baron von Schorlemer-Alst, un des chefs les plus écoutés du centre, c’est-à-dire du parti ultramontain du parlement allemand. Cette commission permanente, dans son premier manifeste, se plaça sous le patronage de la conférence des évêques d’Allemagne qui s’était réunie à Fulda pendant ce même mois de septembre et qui s’y était spécialement occupée de la question sociale.

Voici comment le rapport présenté par un des évêques, à la conférence de Fulda, définit l’attitude à prendre par le clergé dans cette question. Sans doute, y est-il dit, le clergé ne peut s’occuper directement, et en raison de ses fonctions, de la création d’associations ouvrières; « mais le devoir de l’église est d’éveiller dans le corps ecclésiastique l’intérêt pour la classe laborieuse. Trop souvent il ne s’en occupe pas, parce qu’il ignore l’imminence et la gravité du danger qui résultent des souffrances sociales ; il n’apprécie pas toute l’importance de la question sociale et il n’en voit pas bien les remèdes. Dans l’instruction que l’on donne aux membres du clergé en philosophie et concernant leur mission pastorale, il ne faut pas négliger plus longtemps la question ouvrière. Il est très désirable que certains ecclésiastiques s’adonnent spécialement à l’étude de l’économie politique. Il conviendrait de leur donner des bourses de voyage afin qu’ils pussent étudier sur place les besoins des ouvriers et les moyens d’y pourvoir. Ils devraient surtout, à ce point de vue, visiter la France, où, paraît-il, la portée du « moment » religieux et moral est comprise plus qu’ailleurs. » Certains économistes affirment qu’il n’y a point de question sociale. — Les évêques tiennent un autre langage. Certainement il y en a une, disent-ils, et très grave; nos prêtres doivent l’étudier et en faire un moyen d’étendre l’influence de leur ministère. Faut-il demander qui des évêques ou des économistes exercera le plus d’action sur le peuple?...

Les Christlich-sociale Blätter ne tardèrent pas à publier l’es principes qui devaient présider à l’organisation des associations sociales-catholiques. A plusieurs égards, ces statuts méritent de fixer l’attention. Aucun membre de ces associations ne peut faire partie en même temps d’une société démocrate-socialiste; toute association chrétienne-sociale doit s’attacher intimement à l’église : extra ecclesium nulla salus. Elles doivent se placer sous le patronage de saint Joseph, et l’anniversaire de leur fondation doit être célébré par des