Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 32.djvu/723

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le Masque de fer, parce qu’entre temps « des chercheurs plus diligens » les avaient mis au jour. Pour donner une idée des difficultés d’une telle recherche, il suffit de dire que les pièces relatives à l’histoire ainsi conçue de la Bastille et de ses prisonniers se trouvent disséminées en plus de vingt endroits, aux archives de la guerre, aux archives de la marine, aux Archives nationales, dans les bibliothèques. C’est ainsi que pour tirer au clair une seule affaire de médiocre importance, M. Ravaisson partira des archives de la marine, passera aux Archives nationales, de là se rendra à la bibliothèque de l’Arsenal, de l’Arsenal aux archives de la guerre, des archives de la guerre à la Bibliothèque nationale, de la Bibliothèque retournera aux Archives et finira par la bibliothèque de l’Arsenal. Il faut à ce métier plus que de la patience, il y faut du dévoûment à l’histoire, et plus que de l’érudition, il y faut de la sagacité. Pour donner enfin une idée de l’intérêt d’une telle publication, il suffit d’ajouter qu’avec le secours des précédons volumes il est devenu possible d’écrire l’histoire vraie de quelques-uns des plus célèbres procès du règne de Louis XIV, le procès de Fouquet, par exemple, et le procès des poisons. Les lecteurs peuvent se rappeler le parti qu’ici même, il y a quelques années, en a tiré M. Charles Louandre[1]. Et nous ne saurions mieux faire après lui que reproduire les termes dont il se servait pour louer l’œuvre de M. Ravaisson ; « Parmi les livres de notre temps, disait-il, il en est très peu qui aient été publiés avec plus de savoir et de soin. » Notre seul regret, c’est qu’en raison de l’abondance des matériaux, la publication marcha si lentement.

Les pièces que renferme le présent volume ne se rapportent pas à des affaires du même intérêt dramatique et de la même importance générale. Mais, comme le dit M. Ravaisson, elles donnent « le détail de la vie intérieure d’un grand pays. » Aujourd’hui plus que jamais ce détail a son rôle en histoire : c’est lui qui tient, pour ainsi dire, en échec les généralisations historiques trop prématurées et trop hardies. N’oublions pas en terminant de signaler aux curieux, dans « l’Avertissement » de M. Ravaisson, une nouvelle hypothèse sur le Masque de fer.


F. B.



Histoire de l’établissement et de la direction de l’église chrétienne par les apôtres, traduit de l’allemand du Dr Noander, par F. Fontaaès, l’un des pasteurs de l’église réformée de Nîmes. — 2e édition, Paris, 1878, Sandoz et Fischbacher.


Le livre du docteur Fontanès date déjà de loin. Mais tous ceux qui se sont adonnés à la critique religieuse, cette science qui n’est jamais faite

  1. Voyez, dans la Revue du 1er juillet 1874, une Prison d’état sous Louis XIV, par M. Charles Louandre.